Janvier

 

Je me rends compte une fois de plus à quel point le Bonheur est précieux et fragile. Alors même si je déteste qu'on profite d'un seul et certain jour pour dire tout ça, je souhaite à ceux qui le méritent et qui en ont besoin tout le Bonheur possible et imaginable... Que la Vie vous soit douce. Bonne année 2013.

Je mets toutes mes forces dans ma lutte contre mon empathie. Je ne veux pas imaginer, me mettre à sa place. Parce que je sais qu'il est comme moi. Que l'Amour l'a sauvé, à l'époque. Je sais que c'était tout, et je peux trop bien savoir et deviner son état aujourd'hui... Je tache de ne pas y penser, c'est bien trop dur, bien trop douloureux de le savoir souffrir autant... J'espère qu'on pourra le voir aujourd'hui. Je n'ai aucun putain de moyen de le contacter, je ne sais pas exactement où il est. Ca me met hors de moi, de n'avoir à ce point aucune information... J'espère que le reste de cette année ne sera pas à l'image de ses premiers instants.

Il avait laissé des lettres. Il avait appelé ma mère, pendant une heure, pour savoir entre autre si elle était capable de s'occuper de nous. Il avait envoyé un mail à Sylvie pour lui dire adieu. Apparemment, c'est même elle qui a appelé les pompiers. Y a au moins une chose qu'elle a bien fait, donc... Je n'ai toujours pas pu aller le voir. Je n'ai toujours aucune nouvelle directe. Dans tous les cas, après-demain, j'y vais. Qu'on ose me renvoyer chez moi sans que j'ai pu voir mon père. J'ai pas peur de crier un peu. Et je m'en branle qu'il soit encore assomé par les médicaments. Je m'en branle qu'il dorme ou qu'il ne soit pas foutu de me parler. Je veux le voir. Je veux pouvoir lui parler malgré tout, et lui donner ma "lettre". C'est tout, point barre.

Mon père sort tout à l'heure. Il va venir passer la nuit ici. Ca avait l'air d'aller au téléphone, mais ce sera dur ce soir. Parce qu'on va parler, qu'il va me raconter. "Je te raconterai mieux tout à l'heure mais c'était hard ici. J'ai été sous camisole de force, j'ai des marques partout..."

En quoi ça la regarde? Qu'est-ce donc que cette réaction?? J'ai vraiment pas compris. Et qu'elle ose parler de "bon-sens et d'intelligence", quand on voit ce qu'elle (nous) a fait ces dernières années... 

C'est fou comme avec tant d'Amour, il est tout de même possible de ne pas se comprendre à ce point-là, parfois... D'être aussi fusionnels, pareils, et aussi différents et opposés à la fois. 

Vous m'rendez dingue, avec vos putains de réflexions totalement hallucinantes. C'est quoi cet égoïsme latent bien dégueulasse?? En quoi ça vous regarde, ce que je fais de ma vie, et qui j'autorise à rester chez moi? Pourquoi ça vous met tant les glandes que j'aie visiblement un coeur et une âme gigantesques, comparés au pois chiche qui trône dans votre poitrine et votre cervelle de cons? En quoi c'est supposé m'intéresser, votre vision étriquée et horriblement égocentrique de la vie? Mais vas-y, parle. Oui, plusieurs personnes sont de ton avis, tu crois donc que tu détiens la vérité absolue? Si plusieurs personnes sont d'accord sur quelque chose, elles ont forcément raison? Wahou, l'argument de raciste (entre autre) par excellence quand même, faut vous rendre compte un peu. Je suis tellement sur le cul, mon dieuComment je peux avoir été elevée par et avec des gens pareils? J'ai envie de dégueuler ce que j'ai dans le gosier. Puis comment tu peux oser, te permettre, ne serait-ce que penser à dire du mal de mon père devant moi? Putain de merde, tu captes ce qui sort de ta bouche de merde ou pas du tout?? Depuis cinq ans, t'as été un ramassi de rien, de néant, d'absence et de douleur, et jamais, tu entends, JAMAIS, il ne s'est permis de dire quoi que ce soit à ton sujet. Et tu viens me parler d'intelligence, ensuite? Vraiment? Toi? Et tu crois qu'en douze ans il n'a pas changé? Tu crois que là, aujourd'hui, le neuf putain de janvier 2013, il est le même que tu as trompé puis quitté y a douze ans?? Tout ce que tu peux dire n'a donc strictement aucun sens, aucune espèce de légitimité. C'est grave d'être aussi stupide et bornée, sérieux.

Dans dix jours, ça fera trois ans. Tu te rends compte? Ca me parait toujours aussi fou. Hier quand je t'ai regardé et que tu m'as prise pour une folle en ignorant totalement ma super phrase poétique, c'était de ça dont je parlais, finalement. Parce que j'me rends compte, comme ça, parfois. Le temps d'un instant. Que tu es effectivement là, dans ma vie, que j'ai cette chance. Trois ans...

Toute la journée j'ai évité les chaînes d'info en tout genre, histoire de pas fracasser ma télé au vu de ces *quelnomchoisir?* défilant au nom de l'inégalité, de l'irrespect et de la discrimination. Mais bon, fallait que j'tombe sur les chiffres (supposés et vagues). Entre 340.000 et 800.000 manifestants... Je suis totalement abasourdie. J'en perds mes mots, j'ai envie de pleurer, sérieusement. Mais qu'est-ce que ça peut leur foutre, à la fin, putain de bordel? Qu'est-ce que ça peut bien changer à leur vie de merde??!! Je ne comprends pas, je comprends pas. J'accepte qu'on ait pas ma vision des choses, que chacun ait ses opinions et tant pis si elles divergent des miennes. Aucun soucis, sur le principe. Mais là j'peux pas comprendreToute cette haine, et cette ignorance surtout. Tous ces amalgames, ces inventions pour avoir de quoi ouvrir sa grande gueule. J'comprends pas comment on peut être aussi étriqué dans son esprit bouffé par une éducation d'un autre temps. Je sais pas quoi ajouter. J'suis vraiment... Non, j'ai pas de mots. (...) Ce que j'peux simplement dire, c'est que plus que jamais, j'irai dans la rue moi aussi, le samedi 26 Janvier. Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, qu'une tornade s'abatte sur la ville, je serai là, il n'y a plus l'ombre d'une espèce de soupçon de doute. Parce que moi je crois en l'évolution, en la révolution. Je crois à l'Amour, à la réelle Liberté, à la réelle Egalité. Et que je me battrai pour ces valeurs à ma petite échelle, avec ma petite voix, mon petit drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel, avec mes petits pieds qui battront le bitume.

Trois ans, mon Amour. Tu te rends compte? Trois ans... Je ne sais plus quoi dire. "Et tous les mots du monde ne seraient suffisants pour te dire. T’écrire, te montrer ce que j’ai dans le fond du cœur, ce qui bouillonne pour toi à chaque instant. Tu as fait de ma vie une entité qui a du sens. Tu as donné un but à ces journées qui se succèdent. Celui de T’Aimer. De te rendre Heureux et d’être Heureuse à tes côtés. Parce que tu es tout ce qui m’importe. Nous sommes tout ce qui a de la valeur à mes yeux. Le reste est poussière.Je T'Aime tant.

 

Février

 

A quelques exceptions près, je pense de plus en plus que les gens sont de passage dans la vie. Enfin, ils me donnent surtout l'impression que JE suis de passage dans la leur. Là quand ils ont besoin de moi, absents quand je ne suis d'aucune utilité. Ils prennent des nouvelles et en donnent quand ça les arrange, et le reste du temps, ils te répondent à peine, à demi-mots, presque froidement. C'est épuisant de n'pas savoir sur quel pied danser, ne pas savoir ce qu'on peut, ce qu'on a le droit d'attendre des autres.

Il suffit de peu pour illuminer une journée, pour souffler sur les miettes de colère et les faire disparaitre. Il suffit d'un temps d'hiver. De quelques énormes flocons qui tombent inlassablement sur le béton de la ville. De cette couche pure qui recouvre tout. Il suffit de mon air d'enfant émerveillé mais triste aussi, d'être enfermé et de regarder cette beauté derrière sa fenêtre. Et de l'Amoureux qui me rejoint en disant qu'il enfile son pantalon, et qu'on y va. Qu'on sort, qu'on va la voir, la toucher, cette neige. Il suffit de s'habiller en quelques secondes, d'attraper son appareil au vol et de dévaler les escaliers de l'immeuble en riant. Il suffit d'un peu de magie, de froid, de poussière sur les joues. Il suffit d'un Amoureux qui Aime.

J'en ai tellement marre de me rendre compte de ce que sont les gens. De leur hypocrisie. De leur façon de se dénigrer à longueur de journée pour t'arracher un compliment. De leur façon de disparaitre de la surface de la terre du jour au lendemain, malgré les promesses. De leur façon de profiter de ta gentillesse. Comme mon père qui m'appelait quotidiennement, et parfois même plusieurs fois par jour, quand il était au fond. Comme mon père qui a maintenant repris un peu sa vie en main, qui est aux côtés de celle qu'il aime, et qui se permet donc de me laisser sur le côté de la route. Ca ne m'empêche pas d'être soulagée, contente pour lui. Mais je ne cesse pas d'exister pour autant, moi! Finalement, je suis constamment déçue des gens. Et merde, à force je sais que je ne dois pas en attendre trop, ou au moins rien de trop sincère et vrai. Mais j'ai encore l'espoir naïf d'un jour tomber sur quelqu'un de bien. Secrètement, je rêve de ce genre de meilleure amie qu'on voit dans les films. Celle avec qui on fait les 400 coups, qu'importe nos âges. Celle avec qui on crache sur la planète entière, en refaisant le monde entier. Celle qui sera toujours là, ignorant les humeurs, les obstacles, les incompréhensions. Sauf que la réalité est loin de ça. Je ne suis confrontée qu'à de l'hypocrisie en masse. Je regrette presque de n'avoir pas appris à être si fausse, à agir autant par intérêt. Je regrette presque d'être une personne géniale, quand je vois ce que vous êtes, et ce que vous en faîtes.

J'en ai marre de ces cons de "photographes" qui passent plus de temps à retoucher leurs clichés de merde qu'à shooter leurs modèles. J'en ai marre qu'on privilégie à ce point l'esthétique, au détriment de la signification des choses. J'en ai marre d'avoir tout le temps faim, et d'avoir rien à bouffer. J'en ai marre d'être assise le cul sur une chaise quand j'pourrais galoper dans la neige. J'en ai marre de ces clichés sur pattes qui ont rompu y a trois jours et qui nous pondent des citations tout droit sorties de "Bridget Jones" et autres monstruosités du cinéma. J'en ai marre qu'on soit pas sur la même longueur d'onde et qu'on soit pas foutus d'avoir le même rythme. J'en ai marre d'attendre, j'en ai marre quand tu viens à me manquer. J'en ai marre de passer toujours après tout le monde, d'être la gentille fille de service qu'on prend quand on en a besoin et qu'on oublie par la suite. J'en ai marre que mon père ait pas encore lu mon mail, alors que quand il était ici, il squattait tranquillement mon ordinateur toutes les 5 minutes pour vérifier s'il avait pas un putain de connard de mail de sa putain de connasse de nana. J'en ai marre d'avoir autant la haine contre elle, même si je n'peux rien contre sa bêtise qui m'refile des nausées de dingue. J'en ai marre qu'on m'écoute pas, qu'on se sente libre de m'couper la parole sans arrêt et que j'sois pas foutue d'avoir les grosses couilles de m'imposer plus que ça. J'en ai marre d'avoir les cheveux gras. J'en ai marre d'être moche, d'être grosse et d'avoir toujours, quand même, envie de bouffer en permanence. J'en ai marre d'en avoir marre. Moi j'voudrais un monde où les arbres seraient fait en barbe à papa, où les fleurs seraient des papillottes en chocolat au lait. Où on pourrait se goinfrer à longueur de journée sans prendre un gramme. Où les gens voueraient un culte au respect et à l'altruisme. Où les averses d'argent remplaceraient la pluie. Moi j'voudrais un monde où le mot "intérêt" n'existerait pas, où la douleur physique et mentale n'existeraient pas. J'voudrais que la vie soit simple.

J'ai mal partout. Sans doute le contre-coup de nos bagarres d'hier... Je suis désolée, tellement désolée. Je m'en veux, "de tout ce qui fait que je n'te rends pas heureux". J'aurais pas pu m'en aller. Tu sais, si j'étais sûre, certaine que tu serais mieux sans moi, si je savais vraiment que c'est ce que tu souhaiterais, j'pourrais me foutre en l'air. J'pourrais me tuer pour te laisser tranquille, en paix. Mais vivre sans Toi, je peux pas. Je sais pas faire, je veux pas.

Je ne crois pas au courageCa n'exprime strictement rien de concret, le courageA mes yeux, il n'existe pas. C'est juste un mot qu'on a inventé pour qualifier ces caractères forts qui font qu'un individu encaisse mieux les choses qu'un autre. Je suis pas courageuseJ'ai pas eu le choixJe ne supporte plus qu'on dise de moi que je suis courageuseCa n'évoque rien, ça ne renvoie à rien. J'ai pas eu le choix d'avoir des problèmes de santé, j'ai pas eu le choix de voir mes parents divorcer, j'ai pas eu le choix de les voir tour à tour sombrer dans l'alcool et toucher le fond. J'ai pas eu le choix, nom de dieu de bordel. C'est du courage que de vivre malgré tout? En quoi ce serait du courageEst-ce que j'ai eu le choix? Qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre? Me jeter d'un pont ou de ma fenêtre? Me tirer une balle ou me charchuter les veines? Retapisser mon intérieur aux médocs? Eventuellement. Je suis juste restée en vie, j'ai juste continué d'avancer. Je ne vois pas où est le mérite. J'accepte juste ce que la vie m'offre, en essayant parfois de contourner au mieux les obstacles. C'est tout. J'avance, toujours.

 

Mars

 

C'est tellement triste qu'on en soit arrivé là. J'accepte, c'est la meilleure solution et je le sais. Mais ça traduit un échec tellement immense que ça m'fait mal au coeur. J'ai peur d'être sans toi. La météo a été à mon image, aujourd'hui. Ou à celle de ma vie. Changeante, indécise. Du soleil, de la neige, un ciel gris, chargé et menaçant. Ca s'est transformé toute la journée en oscillant entre le beau et le laid. Je crois que je vais bien. Pour selon. Mais je suis un peu à fleur de peau. J'ai reçu quelques compliments assez fous sur mes photos, j'étais carrément à deux doigts de pleurer. Je me sens toute fragile. Comme ce genre de vaisselle qui semble bien épaisse visuellement mais qui en réalité, se briserait au moindre faux mouvement.

C'est juste hallucinant, tu me fais halluciner. Aussi peu de soutien et de compréhension, autant de bêtise et un esprit si minuscule, de TA part. C'est pas mal. J'me doutais que tu trouverais le moyen de penser à TOI en prenant mal mon choix et mon silence. Mais à ce point... Chapeau. Chapeau, pour ce soutien incroyable d'une mère. 

J'ai passé la nuit dernière chez Nous. Ca fait bizarre. Savoir qu'on est comme une invitée, finalement, qu'on devra repartir le lendemain. C'est bizarre mais je crois que ça me plait, au fond. C'est un nouveau Nous, une nouvelle manière de fonctionner et je me rends compte à quel point on en avait besoin.

Autant n'être plus chez Nous, être sans Toi, j'arrive à m'y faire, et plutôt bien, mieux que ce que j'imaginais. Autant être ici, supporter un chat insupportable, n'avoir pas de lit correct sur lequel me vautrer lourdement si l'envie me prend et n'avoir pas du tout de télé... C'est hyper superficiel ce que je viens de dire. Mais quand je sors pas, je fais quoi? Ben je me bousille le dos à rester devant mon pc toute la journée, à cuisiner au micro-onde parce qu'il y a que ça qui marche bien, à nettoyer la gerbe de ce chat que j'ai sincèrement envie d'empaler sur un mikado géant. Les journées sont longues. 

La vie va bien. Je me sens bien. Pleine de sensations aussi douces qu'étranges, presque perturbantes. Comme si finalement, j'assistais à ma propre vie. Mais pas comme une simple spectatrice frustrée. C'est sans doute trop compliqué pour être expliqué avec des mots trop simples.

 

Avril

 

On ne se sent jamais aussi seul que lorsqu'on pleure dans un bus, au milieu de dizaines d'inconnus qui te découvrent fragile, vulnérable, qui te regardent en coin, gênés et curieux, qui te prennent en pitié ou compatissent simplement, te méprisent simplement.

Hier soir, quand on s'est dit bonne nuit, ma mère m'a serré fort dans ses bras. Et ça m'a donné envie de pleurer. Parce que j'étais bien, juste profondément bien. Contre elle, son peignoir, puis son odeur. Et que ce simple moment furtif me renvoyait des années en arrière, quand tout était simple et pur. Pendant ces quelques secondes, rien n'avait eu lieu, tout allait bien, je n'avais aucun souvenirs de rien, aucune amertume de rien. Tout était bien.

 

Mai

 

Son départ approche, je suis toujours sereine. Ce sera plus compliqué que ces dernières semaines, on pourra pas se voir quand on voudra. Mais je me sens bien. Je n'appréhende pas tellement, pour le moment. Je sais qu'on "surmontera" ça comme le reste, je n'ai plus peur. Je vais bien. Même quand une amitié s'casse la gueule, tout doucement. Même si elle se fissurait depuis un moment, c'est jamais bien joyeux. Se rendre compte qu'on est plus grand chose pour quelqu'un. Tant pis. Les bonnes choses ont une fin. Les gens ne sont que de passage.

Mon corps est défait. Ca m'enrage d'être aussi fragile, putain. Ma mère voudrait que j'demande à mon médecin s'il pouvait me "classer" en travailleur handicapé, ou un truc du genre là. J'suppose qu'il y a plusieurs degré de "handicap", non? J'en sais foutrement rien. Ca me soulagerait tellement. Mon dos est une horreur de douleur. Mais ce serait tellement humiliant... 

J'ai besoin de recréer ta présence. Tu me manques. Même si je le vis pas spécialement mal pour l'instant, j'ai pas tellement envie d'être seule. Alors je regarde cette émission de télé tardive, celle que tu regardes toujours attentivement, et qui m'ennuie souvent profondément. Mais voilà. C'est un peu comme si t'étais là, quand même. Je me blottirais bien dans tes bras. Te serrer tendrement et prendre une bouffée de ton air, profonde et intense. Te respirer, prendre un peu de ton odeur. Je suis épuisée mais je vais trainer un peu ici ou là. Pas envie de me coucher seule.

Je me sens tellement seule. J'ai l'impression que ça suinte par tous les pores de ma peau, que chaque parcelle de mon corps le hurle. Et j'ai des larmes plein la cervelle, ça ne veut même pas sortir. Ca pourrit juste tout ce qui reste, à l'intérieur. T'es pas là quand tu pourrais...

Je suis allée me "perdre" un peu dans la forêt, tout à l'heure. Je n'avais finalement rien à faire, j'étais prête... Bon! J'ai embarqué mon appareil photo et filé respirer un peu d'air pur. C'était bon, et beau. Ca m'a vraiment fait du bien. Je regardais tout, partout. Je m'attardais sur le moindre détail, la moindre feuille, le moindre bourgeon. Je devrais faire ça plus souvent. Même si le temps ne le permet pas tellement. J'ai profité d'un moment de répis, entre les gouttes et l'orage.

Déjà trois semaines que tu es parti. Encore une à tenir sans te voir... C'est long, tellement long. A chaque bruit dans le couloir de l'immeuble, j'espère que c'est toi. A chaque fois que l'ascenseur s'arrête à notre étage, j'espère que c'est toi. Chaque matin quand je me réveille, j'espère que tu es là. C'est trop long... Tu me manques. A chaque fois, j'me dis que tu ne peux pas me manquer plus que ça. Mais chaque nouvelle journée me prouve le contraire.

Attendre sans attendre. "Prier" de toutes ses forces pour que tu sois en route. Que tu me fasses une de ces surprises dont tu as le secret. Même si je sais que non, au fond. Je sais que je m'endormirai seule ce soir. Mais j'peux pas faire autrement. J'me fais du mal toute seule, j'remue moi-même le couteau dans les plaies...

 

Juin

 

"Chaque vie est la bonne. Le chemin qu'on emprunte est toujours le bon chemin. Tout aurait pu être n'importe quoi d'autre, et cela aurait eu tout autant de sens."

C'est viscéral. J'ai mal aux tripes. Ton corps ne m'a jamais tant manqué, j'ai même pas les mots. Et la musique en boucle, je n'peux même plus chanter avec, la gorge nouée. 

Je supporte plus les gens pas foutus d'être heureux et reconnaissants de ce qu'ils ont, putain de bordel. Qu'on ose se plaindre de ses petits malheurs, sans avoir une pensée pour ce qu'il y a à côté, devant son nez. Qu'on se complaise dans sa vie de merde sans chercher une seconde à arranger ce qui peut l'être. Et quand à côté de ces geignards, j'suis confrontée à la vraie détresse, le mal profond, qui a du sens (si on peut dire), et à des personnes malgré tout debout, encore pleines de force pour faire au mieux, s'en sortir. Des putains de pins dans la gueule qui se perdent.

Charlie ne passera pas la semaine, je pense. Et j'en viens à l'espèrer, pour lui... Il est dans un piteux état. Je pensais qu'il était plus en forme, qu'il avait guéri de sa petite maladie. Mais là c'est la fin. Je le sais, je peux rien y faire. Je pense que son arrière-train se paralyse doucement. Il se traîne plus qu'autre chose, pour bouger. Il a la peau sur les os, lui qui était si bouboule... Ses poils tombent par poignées. Sa respiration est saccadée, trop rapide, comme s'il était exténué après un effort. C'est la fin. J'espère juste qu'il ne souffre pas trop... Quand je le prends, il ne bouge pas, il arrive à peine à se retourner pour se caler confortablement. Lui qui gigotait dans tous les sens, il y a deux-trois semaines, quand je devais le soigner. Je le reconnais même pas...

Charlie.

?/07/2011 - 19/06/2013

 

Il est parti. J'ai su tout de suite. Tout recroquevillé. Et sa petite patte sous sa tête... Son corps était tout dur, il venait vraiment de mourir je suppose. Quand j'avais retrouvé Gally, il était tout mou. Voilà... Je pensais qu'il passerait tout de même la nuit, qu'il serait là au matin... J'espérais qu'il s'endorme tout à l'heure, quand je l'avais dans les bras, mais il a préféré s'éteindre seul. Je lui ai trouvé un petit sac en tissus, comme j'avais fait pour Gally. Puis je suis sortie lui dégoter un endroit tranquille, au calme, et joli. J'ai creusé ce que j'ai pu, avec une spatule en plastique. Ce devait être d'un grotesque... Et puis voilà. Voilà... Charlie est mort cette nuit. 

Je sais pas ce que j'vous ai fait, pour que vous me détestiez autant. Pour que, finalement, vous imposiez à votre fils de faire un choix entre nous. Putain d'bordel, c'est quoi votre problème? Vous croyez sincèrement me connaitre? J'peux pourtant vous dire que vous ne savez rien de moi. Strictement rien. Je suis pas simplement la nana trop timide et tatouée, ou la "branleuse" que j'peux paraitre. Vous ne me connaissez pas. Vous ne connaissez rien de moi, de Nous.

 

Juillet

 

Je crois que je sature de la solitude. J'ai mes bêtes, j'ai la présence virtuelle de personnes qui comptent beaucoup. Oui, d'accord. Mais physiquement, quel vide immense... Cette semaine auprès de Toi me fera le plus grand bien. Quatre petits jours. Et puis bordel, si j'pouvais! Me faire un tour de France, passer voir tous ceux qui sont si loin, et pourtant les plus présents dans mon coeur...

Je vais vous apprendre quelque chose de totalement fou. Une nana avec un anneau dans le nez et des tatouages "partout" n'est pas nécessairement une grosse dévergondée célibataire ni un bout de viande ambulant en manque d'une queue entre ses jambes. Ca va, là? Clair pour tout le monde?

Je me rends compte de ce que je suis, semblerait-il. Ce genre d'handicapé du bonheur. Je ne le rejette pas, je le cherche, toujours. Mais c'est comme un défaut de fabrication. Je me rends compte de cette noirceur, au fond. J'ai essayé de l'occulter, de l'oublier, de l'enfouir sous d'autres choses. Mais elle est toujours là. Je ne sais pas pourquoi ça me revient si fort aujourd'hui. Je suis pas fondamentalement malheureuse. Mais, je crois que quoiqu'il arrive, quoique je vive, mon bonheur est un savon qui me file entre les doigts. Il n'est jamais vraiment là. Il me reste les résidus, les fines petites bulles sur la peau. Le savon a déjà glissé loin.

Puis ce concert, dediou, ce concert...! On est arrivées sur les lieux vers 18h. Y avait une quinzaine de personnes déjà là, à peine. Ca change des groupes à groupies, pour lesquels y a déjà des centaines de personnes à midi t'sais. Enfin, voilà, on a attendu sagement, puis vers 20h, ils ont commencé à ouvrir les portes et faire entrer le public. On avait décidé de se mettre dans les gradins (c'était au théatre antique de Fourvière) mais pas trop haut bien sûr, pour avoir une belle vue d'ensemble sur la scène. On a choppé notre coussin (ILS FOURNISSENT DES COUSSINS LES MECS!!!) et on a filé vers les marches. Quasi pile au milieu en face de la scène, 5ème rang. AU TOP. Restait plus qu'à attendre. J'avais un voisin anglais, Popo un vieu voisin bizarre. On devait se serrer à fond les uns contre les autres, le concert étant complet. Et quand on dit complet, c'est complet! Plus un cm² de pierre libre, c'était vraiment impressionnant. La fosse était pleine à craquer également. Bref. 21h30 arrive. La ponctualité de malade, jamais vu ça, les musiciens ont du pénétrer la scène à 21h33, sans déconner. Ovation, patati patata. Ca commence. C'était assez grandiose. Tout de suite mis dans l'ambiance, avec l'écran géant et les éclairages tout particuliers. Sans parler de cette musique, leur musique... En seconde chanson, la mienne, ma favorite. J'étais au taquet, j'ai tenté de filmer avec mon portable de merde mais bien sûr, ça ne rend rien d'audible... Enfin! J'ai profité, profité, profité. Le public était génial. Silencieux durant les chansons, respectueux. Puis adorateur quand les instruments s'arrêtaient, quand la voix cessait. On a enchainé les ovations. En même temps, quel spectacle! J'étais émerveillée. J'aurais tant, mais TANT aimé avoir mon appareil avec moi. J'avais carrément appelé dans l'après-midi pour tenter ma chance, savoir précisément s'il pouvait passer ou non. Ou non. J'ai taché d'enregistrer chaque image et leur beauté dans ma petite cervelle. A la (fausse) fin du concert, le public s'est livré à un lancer de coussins assez fabuleux. J'en ai pris un dans la gueule d'ailleurs, sympa. On a les confettis qu'on peut tavu! Puis le groupe nous a offert un rappel parfait. Deux chansons et la dernière qui a duré un gros quart d'heure. Rien que ça. L'intensité du truc, putain... C'était magique. Standing ovation à la toute fin, second lancer de coussins, deux saluts du groupe. Des étoiles dans les yeux. Une cheville hors service. Une pliure de fesse très irritée. Que du bonheur, j'vous le dis! Bref. A part ça, trois jours de conneries avec une Popo quoi, pour changer. What else? J'avais envie d'me lancer dans une petite déclaration d'amour à la Prophéssie, t'sais. Mais qui pourrait comprendre, hein? J'te kiffe grave keurkeur. Cétou. Merci. ♥

 

Août

 

J'ai passé une partie de l'après-midi avec mon papa. Il est venu me chercher en moto, on est allés jusqu'au village de St-Victor. Habituellement, quand on est dans le coin, c'est près de la base nautique, du coup je n'connaissais absolument pas le village. On a fait le tour du chateau, de l'église. C'est très beau, là-bas. On s'est pris quelques fou-rires dans l'église, forcément. Quand ton père te propose le drap blanc sur l'autel en guise de nappe... Ou qu'il chante bien fort des conneries salaces près de l'orgue... Alala! On s'refait pas! Puis on est allés se manger une glace bien méritée. Quelle putain de chaleur! En moto avec la veste et les gants, c'était compliqué! Après un détour par Auchan et après m'avoir offert un pot de Nutella et le bon pain de campagne qui se doit d'aller avec, il m'a ramenée. Ce sont toujours des moments très simples, qu'on passe ensemble. Mais ils me semblent également si forts, uniques. J'aime tellement mon Papa. On a quelque chose de si particulier, lui et moi. Je ne sais pas quoi ajouter. J'suis tellement stupide que ça me fait penser au jour où il ne sera plus là, et ça me tord le bide, putain. Enfin... On a du temps. Forcément. Beaucoup de temps encore. Il faut.

J'aime tellement mes parents. Plus j'y pense, et plus je me dis qu'ils sont essentiels à ma vie. Je n'en ai jamais douté, mais parfois j'ai probablement voulu l'occulter un peu. Et je me rends compte que je n'en veux vraiment plus à ma mère. Je sais que si je suis comme je suis (positivement et négativement), je lui dois, je leur dois, à tous les deux. Ils ont été mon calvaire comme ma source inépuisable de bonheur. Et même s'ils sont à l'origine de mes démons les plus terrifiants, les plus douloureux, ils sont maintenant un soutien sans faille. Je suis reconnaissante de les avoir, eux. Et pas d'autres. Eux. Je les aime profondément, de tout mon coeur.

Tout à l'heure, j'suis tombée totalement par hasard sur deux vieux blogs (enfin, datant de 3 ans environ). Je les croyais supprimés depuis un bon moment, d'ailleurs! C'était vraiment étrange de relire certaines choses. Je venais à peine de quitter Marie, de rencontrer Nino. Ma mère était encore en plein dans son alcoolisme. J'oscillais jour après jour entre une haine profonde et un amour, des pardons incessants. Je trouve fou de constater la maturité que j'ai acquise en trois années. Mes écrits étaient généralement plus élaborés qu'ici, mais le fond était franchement pathétique. Enfin, voilà... Etrange sensation que de se confronter à son ancien soi.

J'ai le moral. Je crois que le boulot m'a donné un coup de fouet fantastique à tout niveau, et mon estime de moi-même n'a jamais été aussi belle, je n'ai jamais été si sereine et en paix avec moi-même.

 

Septembre

 

Aujourd'hui, mon Papa a 56 ans. J'voulais en profiter pour redire combien je l'aime. Il ne lira probablement jamais ces lignes, mais c'est important. J'aime tellement ce qu'on a, notre lien. Il ne ressemble à aucun autre. Même mon frère n'a pas la relation que j'ai, avec notre père. C'est la seule chose, le seul "avantage" que je peux avoir sur lui d'ailleurs. Et je n'me lance pas dans un concours débile pour savoir qui gagnerait les faveurs de qui. Mais je suis tellement fière de ce qu'on a, justement. Des moments qu'on partage. Toujours simples mais également toujours précieux. Je chéris si fort tout cela... Dans ma tête, toutes ces lignes sonnaient bien mieux, mais je perds mes mots. J'ai simplement hâte de le serrer dans mes bras, tout à l'heure.

En sortant, comme souvent, il y avait une lumière somptueuse. Le ciel était très chargé et les rayons du soleil filtraient tout juste entre deux nuages. La lumière s'étalait en bandes parfaitement découpées dans le ciel. C'était juste magique.

Je crois qu'elle avait bu... J'ai essayé de me blinder, de mettre une distance dès le début, dès que j'ai senti, entendu sa voix, cette voix... Mais ça a fissuré quelque chose, en moi. Au fond, quelque part. J'ai pas envie que ça reprenne, que tout reprenne. Je pensais que c'était définitivement derrière nous et elle, putain. J'sais plus quoi penser, ça m'fait mal au bide.

J'ai tellement besoin de me souvenir de l'odeur de ta peau, de la douceur de ton corps. Tout en Toi me manque tellement. Même si j'en suis arrivée à apprécier parfois ma solitude, je sais qu'il me manque une partie de moi. Il me manque Toi. Samedi. Encore quelque jours, et Toi. ENous.

L'autre soir, quand j'ai dormi chez mon père, on a énormément parlé. Depuis un moment, j'avais envie d'lui poser certaines questions, de l'entendre me parler de sa vie à lui, de l'entendre me raconter ma naissance. J'en parle souvent avec ma mère mais n'ai donc que son point de vue, ses ressentis à elle. Jamais on avait évoqué ça, avec mon père. Et c'était chouette. Sans doute pas simple à se souvenir pour lui. Mais ça m'a fait du bien. J'ai eu l'occasion de constater à quel point on était similaires, sur nos caractères. C'est juste dingue! J'ai eu droit à certains détails que je ne connaissais pas. Il neigeait, quand je suis née. Ca m'a émerveillée. Il neigeait...! Bref. On a aussi parlé un peu de ma mère, de leur couple. J'ai appris d'autres trucs dont je me serais passée... Enfin! Je repensais donc à tout ça ce soir, dans mon tram en rentrant. Et ça m'a inévitablement menée à ma mère, aux années chaotiques qu'on a passées. Tout de suite, je m'suis sentie extrêmement lourde, comme si le fardeau revenait peser sur mes épaules. J'ai eu mal, j'étais triste, tellement triste. Parfois j'arrive à me convaincre du fait que c'était pas grand chose. Que d'autres, ailleurs, un jour, on vécu tellement pire. Que j'exagère sans doute un peu mes sentiments. Mais je sais que c'est faux. Je sais que malgré les autres et leurs malheurs, le mien m'a blessée jusqu'au plus profond de mon âme. Je sais que je n'ai jamais feint ma souffrance. Je sais que d'autres n'auraient jamais supporté ce qu'elle m'a fait endurer. Puis j'ai taché de faire disparaitre ces pensées. Je n'ai plus envie de retomber dans ces souvenirs. Ils sont là et je les aurai toujours en moi. Mais j'aimerais pouvoir les laisser vraiment de côté maintenant. Je voudrais ne pas avoir à me rappeler ma haine pour elle, ma rancoeur. J'ai difficilement su passer au-dessus de tout ça, j'ai su pardonner, j'ai su oublier l'alcoolique dépressive au regard vide, terne et morrne quand je la regarde. Alors je veux que ça dure.

 Dieu

18/07/2011 - 17/09/2013

 

Petit Bébé. T'es parti en douce, comme les autres.

Sans que je m'y attende, tu les as rejoins. T'es parti...

Avec toi se referme la douce et belle parenthèse ratesque de ma vie.

J'vous oublierai pas.

Je t'oublierai pas.

Je t'aime.

Ce matin, il était tout mou. Juste tout mou. Amorphe. Je l'ai pris, l'ai soulevé, l'ai "bousculé". Rien, pas de réaction. Alors j'ai compris et je l'ai veillé un bon quart d'heure. Je suis restée à ses côtés, le bras contorsionné à travers l'ouverture de la cage, pour l'apaiser. A un moment, il a eu un regain d'énergie, de volonté. Il s'est débattu, surement pour se lever, se redresser. Mais le corps n'a pas suivi, il n'a pas vraiment pu bouger. Il a émi un son qui m'a complètement brisé le coeur, un gémissement. Comme s'il était résigné. Ou qu'il souffrait... J'en sais rien, putain. C'était tellement triste bordel. Plusieurs fois, je l'ai pensé mort, mais il bougeait finalement encore. Son corps se soulevait à peine sous sa respiration. Ses moustaches trésaillaient à peine. Et puis, au bout d'un moment, plus rien. Il était parti pour de bon... Je l'ai déposé à côté de Charlie. Ils sont tous les deux ensemble ailleurs, sans doute, qui sait... Je crois tellement pas à ses conneries d'au-delà de mes deux! Mais quand il s'agit de mes bébés, j'ai envie. C'est rassurant, ça prête un peu à sourire, alors c'est déjà ça...

Il fait froid dans une maison vide. 

Et aussi, pendant que j'errai dans les rayons, j'me suis demandée quelle image je renvoyais. J'veux dire, personnellement, quand je tombe sur une vendeuse aimable, c'est comme le paradis, tant ça devient rare. Du coup, j'espère incarner la vendeuse des rêves des gens. J'suis toujours souriante, polie, joyeuse. Alors j'espère un peu "secrètement" que quelques fois, on dise en sortant du magasin "ben dis donc, qu'elle était gentille cette jeune fille, ça fait vraiment plaisir à voir!". 

 

Octobre

 

Pourquoi on apprend aux filles à se faire discrètes, à avoir peur? Pourquoi on apprend pas aux hommes à nous respecter, merde? A la peur se mêle donc la colère. Et j'ai encore un peu plus peur du coktail que ça pourrait donner si on a un jour le malheur de me toucher.

<<Bonjour Julie,

 

Je tiens à vous remercier de tout coeur!

J'ai vu passer votre message également sur Twitter.

Vous êtes merveilleuse!

 

Amitiés,

Nicolas

 

 

Bonsoir Nicolas!

 

Merci énormément pour votre message, ça me touche beaucoup!

J'espère pouvoir contribuer à votre beau combat régulièrement à l'avenir.

J'admire tellement votre détermination et cette magnifique (et douloureuse) bataille que vous menez, vous et votre équipe, pour tous ces jeunes qui n'ont pas eu ma chance, celle d'avoir des parents géniaux... [...]

 

 

Merci vraiment pour vos paroles encourageantes!

Vous allez recevoir le ruban bleu très vite. [...] >>

Ca allait. J'ai passé une journée banale. Un samedi banal, beaucoup de monde, beaucoup de boulot. J'ai fini tard, j'ai loupé mon bus. Et sur le coup, je m'en suis moquée. Puis on est sortis. J'ai dit au revoir à Fred en balançant quelques conneries comme d'habitude. Et quand j'ai tourné à droite du bâtiment, c'est comme si je recevais le poid du monde sur mes épaules. Je me suis sentie tellement abattue... J'ai attendu mon bus plus de 20 minutes. Dans le froid, presque sous la pluie. Ca m'a semblé une éternité. J'avais tellement mal partout, tellement envie d'être chez moi, tellement envie d'être avec Toi. Je me suis retenue de toutes mes forces. En appelant l'ascenseur, dans notre immeuble, tout est sorti. Toutes les larmes que j'avais gardé sous mes paupières. Sans que j'puisse rien y faire. J'allais rentrer dans notre si petit 37m² si vide de Toi. J'ai pris Kanai dans mes bras mais mes sanglots l'ont affolée plus qu'autre chose... A l'heure où la moitié des jeunes normalement constitués sortent entre amis, ou en amoureux, moi je rentrais chez moi, d'une journée de boulot interminable, seule comme une pauvre merde. "Relativise." Putain de phrase que je sors à tour de bras à qui semble un peu trop malheureux. Mais ça n'a aucun sens bordel. Faut me lapider, la prochaine fois que je dis ça à quelqu'un... Je me hais ce soir. Mon reflet, mes pensées, mon corps endolori. Alors j'ai mis la musique. Fort. Trop, sans doute. J'm'en branle, j'ai trouvé que ça pour me soulager. Ca et une bière.

JE VEUX QU'ON M'ENTENDE, QUE TU M'ENTENDES, QUE T'APPRENNES ENFIN A ECOUTER LES AUTRES SANS TE SOUCIER UNIQUEMENT DE TA PUTAIN DE PENSEE SOUVENT ERONNEE ET SI ETROITE. QUE TU CAPTES ENFIN QUE JE SUIS PLUS TA PETITE FILLE DE DOUZE ANS ET QUE TU N'AS PLUS, DEPUIS LONGTEMPS, TA PLACE DE MERE MODELE A ECOUTER SANS BRONCHER.

"Et tellement dur de pas pouvoir te promettre que ça s'arrangera"... J'ai envie de pleurer. Parce que j'ai peur. Ca recommence vraiment? Trois fois que j'ai cette impression, maintenant. Que je ne sais pas. Que je ne demande pas. J'oserais, mais j'ai tellement peur de la réponse, peur d'un mensonge, ou alors de cette vérité qui reviendrait me dévaster. Et je me rends compte que, de toute manière, j'ai rien pardonné du tout. Tout me ramène encore à ça. Tout, à chaque fois, me ramène au fait qu'elle n'a plus aucune légitimité à mes yeux. Autant parfois, j'adore, je chéris les moments qu'on passe, et son petit air de maman gâteau qui fait trop pour ses gosses. Autant parfois j'ai envie de m'arracher le cerveau à la voir jouer ce rôle qui ne lui va plus... Je ne supporte plus ses leçons et ses "conseils" parce que j'estime ne pas devoir en recevoir de la part d'une alcoolique qui a fait traverser l'enfer à genoux à ses enfants. Je ne sais pas si je saurais passer au-dessus un jour. Je pensais que c'était le cas, que j'avais vraiment avancé à ce sujet. Mais non, pas du tout. Du tout...

Hier, mon père a passé l'après-midi aux urgences. Son coeur battait à plus de 200. On lui a fait des massages cardiaques pour le détendre, et en 2h il a retrouvé un pouls normal. Ce serait lié à la maladie de BouveretOn en sait pas trop plus pour l'instant. Il a rendez-vous à la fin du mois avec un cardiologue...

"On se marie? Non mais j'veux dire, l'autre jour j'y pensais. J'me disais à quel point j'étais bien avec toi, je crois vraiment que t'es la femme de ma vie, et j'ai envie de me marier si c'est avec toi."

Le genre de mots qu'on a beaucoup attendu et qu'on a du mal à croire quand ils se heurtent enfin à ses oreilles, tendrement... Je T'Aime

J'avais envie qu'on sorte, qu'on fasse quelque chose. Alors je lui ai remis une lettre. Une consigne : m'attendre à un bar, à telle heure. Je l'ai rejoint, un peu plus aprêtée que d'habitude. On a bu un verre en discutant de tout et rien, en trinquant à Nous "et à notre marriage" (surréaliste). 

J'avais laissé mes sentiments dériver un peu, je nous avais perdu je crois. Je ne savais plus où on allait, et pourquoi. Et ces derniers jours, tout m'est revenu, plus fort que jamais. On est définitivement en train d'ouvrir et d'écrire une nouvelle page de notre Histoire. C'est tellement... Je n'sais pas, je n'ai pas les mots. Mais je me sens infiniment bien.

On prend l'appart'.

 

Novembre

 

J'ai pu l'avoir. Mon carrousel de l'hôtel de ville. Encore en marche, tout illuminé. C'était magnifique. J'étais comme une gosse, putain. J'aurais pu rester des heures là-bas devant. A admirer ces lumières, ces chevaux, à me nourir des éclats de rire des enfants, des sourires de leurs parents. C'était un de ces moments si simples mais si purs...

Mon père avait son rendez-vous chez le cardiologue hier. J'ai pas compris tout son résumé et j'vais pas me lancer dans un truc que personne comprendrait et que je risquerais de mal retranscrire. Mais il va se faire opérer. Pas une opération à coeur ouvert, bien heureusement...! On va passer par une artère avec un "fil" spécial, là, pour remonter jusqu'au coeur et reboucher ce qu'il faut. Il rentre le 18 et ressortira le surlendemain. Je suis déjà super angoissée... C'est une intervention "courante". Mais ça reste un acte chirurgical, une anesthésie générale. Et il est déjà assez fragile. Et je suis terrifiée, ouais. Terrifiée à l'idée qu'il arrive quelque chose. A l'idée de le perdre. Putain...

A 15h, je vais signer le bail du nouvel appartement. Ca y est, ça avance. On y est...! Je suis surexcitée. J'ai tellement hâte.

Je suis passée par l'appart' à midi. Je ne l'avais jamais vu de jour moi du coup! C'était chouette. Tellement grand, purée! Mon père est venu me chercher ce soir, j'ai pu ramener pas mal de cartons du boulot. J'ai commencé. J'en suis au cinquième. Y a tellement de choses à y foutre, et pourtant à chaque fois que j'en referme un, je me demande de quoi je vais bien pouvoir remplir le prochain. Je sais pas par quoi commencer. C'est pas simple, toute seule. Si peu de temps, en plus. Le déménagement c'est dimanche. Alors si TOUT n'est pas terminé, c'est pas un drame. Tant qu'ils font le plus gros pour les meubles, les gros cartons, l'électronique, l'électroménager. S'il reste quelques cartons ou sacs pour notre pomme, on devrait survire. On a ensuite jusqu'à la fin du mois pour vider complètement notre appartement et le nettoyer.

Un mal de crâne comme j'en ai rarement eu. Arrivée à la maison péniblement, je m'suis allongée, et là c'était juste intenable. Réellement, je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie. Cette sensation qu'on te compresse le cerveau de tous les côtés, qu'on y branche des fils électriques, j'en sais rien. C'était immonde. J'en ai vomi, deux fois. 

Rentrer dans un appartement vide... CET appartement. La première fois. Tu me manques déjà. Ces deux semaines sont passées tellement, tellement vite... Quand tu es arrivé, on finissait nos cartons. Tu es reparti en me laissant dans un autre endroit où l'on est déjà bien installés. C'est fou tout ce qui peut se passer en 15 jours... 

22:01. De pleurs, de phrases incompréhensibles étouffées dans des sanglots. De voix pourrie par l'alcool. Ca recommence, cette fois le doute n'est plus permis. Ca recommence.. Pour de bon.

Comment elle peut me faire (encore) subir ça (en plus de tout)? Me laisser savoir comme elle est mal, me laisser avoir peur, malgré ses peu convaincants "t'en fais pas, j'irai plus en enfer, j'ai trop connu l'enfer". Comment... Et moi je viens de me promettre quelque chose. De ne jamais, jamais, faire vivre ça à mes enfants. Je me promets de ne jamais pleurer devant eux. Je me promets qu'ils ne me verront ou ne m'entendront jamais pleurer. ETu vas devoir m'aider pour ça.

 

Décembre

 

Je suis juste bien, juste heureuse. Décembre. 

J'ai fait un joli rêve. J'étais dans l'ancien appartement de ma mère, dans cette tour, au 17ème étage. Le coucher du soleil était splendide. Puis un gros nuage noir est arrivé. A une vitesse folle. Il a fait plusieurs aller-retours au-dessus de nos têtes et on a compris que c'était en fait des milliers d'oiseaux. Comme des corbeaux, en plus gros, en plus beau. L'encadrement de la fenêtre était plein de plumes gigantesques, noires, bleutées.

Le temps passe tellement vite. Je n'avais pas réalisé que je n'étais plus venue ici depuis cinq jours déjà. Et pourtant, j'ai l'impression que les jours se trainent. Toujours ces paradoxes...

J'ai passé un très bel anniversaire. Très gatée, pour changer (bijoux, argent, peluches, bon chez Ikea, fleurs, photos,...)... J'ai vraiment de belles personnes autour de moi. Je sais plus quoi dire d'autre.

Hier soir, on était chez ma mère pour le fêter. Je sais pas pourquoi j'espèrais autre chose, pourquoi j'pensais que ça irait. Elle a été insupportable, à tous niveaux. Une putain de honte ambulante. Mon frère avait amenée sa copine pour l'occasion, première rencontre. J'ai tellement, tellement eu honte pour lui, vu le comportement de ma mère... Putain de dépravée qui avait aucunement conscience de ce qu'elle faisait, le cliché de l'alcolo sans cervelle qu'elle était, et qu'elle a donc visiblement toujours été depuis. Je suis atterée. Et j'comprends pas pourquoi son mec réagit pas, la laisse faire. Il a vu, je le sais. Il a vu mes réactions, mon regard de plus en plus sombre, ma gêne. Il avait l'air aussi désemparé que moi, d'ailleurs, mais merde! Ca fait longtemps que j'ai plus d'emprise sur elle et ses conneries. Lui, il pourrait au moins essayer. Juste essayer... 

Et tu oses me blâmer moi, me reprocher mon comportement agressif et distant? Tu oses me dire à moi que j'ai gaché la soirée? Mais bordel de dieu, est-ce que tu te rends compte?! Pourquoi tu fais ça, tout le temps?! Pourquoi t'es pas foutue de te remettre en question, d'accepter tes torts? Pourquoi t'es plus foutue de protéger tes enfants, nom de dieu?! T'es la personne la plus abjecte et la plus pathétique que je connaisse. Tu préfères faire bonne figure devant tes frères et soeurs que tu méprises, pour la plupart, devant tes voisins, devant un pharmacien, que devant tes enfants qui sont là, qui l'ont toujours été, qui ont tout supporté pour toi... Mais qu'est-ce qui cloche à ce point chez toi, putain? Quoique j'ose dire, j'ai tort. J'exagère. Je sais pas. Toi tu détiens la vérité absolue, toi t'as conscience de la réalité hein? Oui, la tienne. Ta "réalité" noyée dans les verres. Tu parles d'un savoir! Et tu te crois encore tellement supérieure à tellement de gens. Mais t'es plus rien. Si tu savais. T'es plus rien, aujourd'hui. T'es l'ombre de toi-même, t'es ton propre gâchis. J'croyais t'avoir pardonné, mais putain j'étais tellement loin du compte. J'croyais que t'allais mieux, j'croyais que t'avais réalisé. Mais putain... Je sais plus si j'ai envie de toi dans ma vie. Parce que le fait est que j'ai pas besoin de toi. J'ai pas besoin de quelqu'un qui me fasse autant de mal, et qui s'en branle autant. J'ai pas besoin de voir ou d'entendre ma putain de mère dans des états pareils. Et je pensais avoir digéré les choses, mais tu vois, le soir dans mon lit, j'espère encore que tu n'aies jamais été ma mère. Je me demande ce que j'ai bien pu faire pour te mériter. Ce matin, je te hais. Parce que t'es toxique, t'es un poison malsain. Je sais plus quoi faire pour toi. De toi. Tu m'as trop détruite, tu m'as trop montré que je me battrais en vain. Que je ne peux rien. Je ne peux plus te parler. Je ne peux plus supporter tes reproches, ni la manière dont tu essayes de me faire culpabiliser. Je ne peux plus subir ces situations que tu essayes tant de renverser à ton avantage. Je ne peux plus te supporter. Tu me sors par les yeux et par tous les pores. Alors non, je ne "comprendrai" plus. Non, moi non plus je ne ferai plus d'efforts. Non, je ne me battrai plus. Je n'essayerai plus. Et toutes les lettres du monde ne pourraient rien pour toi, tous mes maux écrits ne susciteraient jamais rien en toi. C'est pourquoi je ne t'enverrai jamais celle-ci.