Janvier

 

Que les jours passent vite! Vous êtes déjà repartis... Qu'il est triste, cet appartement sans Toi. J'ai hâte de le quitter pour en retrouver un qui sera plein de Nous, constamment. Je ne veux plus que l'on se manque. Ce sera bien vite là. Il reste tant à faire! Cette année s'annonce si douce. Tout ce changement ne pourra que nous faire du bien. Je pense qu'il viendra clore tout le processus entamé lorsque Tu es revenu... Reconstruire Notre Vie. Je T'Aime, tellement.

Dans un petit moment je vais commencer à appeler pour les 16 appartements qu'on a repéré. Je vais tenter de prendre des rdv pour la fin de semaine, et descendre donc pour aller voir tout ça. Faut qu'on soit partis le 6 Février quand même, autrement dit dans un mois tout pile. Et n'empêche, la seule fois(?) où Tu reviendras, ce sera pour nos 5 ans mon Amour. Pour Disneyland. ♥

J'suis complètement abasourdie. En colère. J'ai pas tellement les mots, ni d'explications. Je ne sais pas pourquoi ça me touche autant. Enfin, si, finalement ça n'a rien d'étonnant... Comment peut-on être tué dans les locaux de l'entreprise pour laquelle on travaille? Comment peut-on vouloir la mort d'artistes qui n'usent que de leur liberté d'expression? Comment... Je ne comprends pas. Quel est ce monde, quelle est cette France, qui sont ces fous?

Le monde me semble différent aujourd'hui et c'est complètement stupide. Parce que c'est pas un scoop. Rien ne tout cela n'est une nouveauté. Il y a toujours eu des fous furieux. Il y a toujours eu des fanatiques armés prêts à tuer. Il y a toujours eu des gens assassinés pour de mauvaises raisons (il n'en existe pas de bonnes, mais vous avez saisi l'idée). Mais dans ma tête de jeune française un peu naïve, ça me semblait loin. Dans mon égoïsme de jeune française, je ne me suis jamais vraiment laissée atteindre par tout cela. Cette fois, c'était au coeur de ma capitale, dans une ville dont j'ai déjà foulé le sol. Cette fois, je me sens, moi, attaquée...

J'ai hâte d'y être. Hâte de prendre ta main dans ces rues que je ne connais pas encore.

Tout juste rentrée. Quel weekend! Je suis tombée amoureuse de la ville, vraiment. Quelle surprise! Nous avons a priori trouvé notre bonheur, notre dossier sera soumis aux propriétaires dans la semaine. Un superbe duplex d'environ 50m². Lumineux, vue dégagée sur les toits, dans la rue où Paul Cézanne a fini ses jours... Ca me parle tellement! C'est parfait. Le quartier est génial, plein de petites rues piétonnes charmantes, bordées de boutiques authentiques de créateurs en tout genre. 4 salons de tatouages sur 500m, ça promet aussi aha! Les gens sont d'une amabilité dont on a plus l'habitude. C'est... Ca change. Et ça fait un bien incroyable. Qu'est-ce que j'ai hâte. 

Déjà fait une petite dizaine de cartons je crois, sans compter les sacs de fringues. C'est fou ce qu'on en a, de la merde! Je sais pas pourquoi je me presse autant à faire ces cartons, il me reste quand même plus de deux semaines pour les terminer, ça fait du temps mine de rien. Mais c'est vrai que, maintenant que la maison est à moitié en chantier, j'ai définitivement super hâte de me tirer d'ici, que tout soit terminé.

En ce moment c'est cette chanson du matin au soir. J'peux pas vous dire. Elle me met d'une bonne humeur presque insupportable.

J'suis allée voir ma Mamie cet aprem. C'était le seul dimanche où je pouvais, avant le déménagement, en espérant aussi croiser un peu mes oncles et tantes. Ca devient encore un peu plus concret de commencer à dire au revoir à tout le monde...! J'ai eu le coeur un peu serré en embrassant ma Mamie. Elles ne sont pas éternelles, nos grands-mères... Je crois que le pire, ce sera mon Papa. Je sais que ça lui fait bizarre, même si mon frère est parti aussi depuis un petit moment pour ses études (Toulon puis Besançon actuellement). J'peux pas vous expliquer. C'est tellement mon héros, mon Papa. J'aime tellement cet homme!! C'est ce que je me dis à chaque fois que je me pose dans son salon et que j'examine les étagères de ses bibliothèques, où se mèlent les ouvrages de Platon, de Nietzsche, de Balzac, Mishima et tant d'autres, et que je vois toutes ces guitares, qu'on a toutes ces discussions passionnantes et passionnées sur le monde. On partage tellement. On est tellement semblables. J'ai jamais été sans lui, finalement. Il n'y a que ça qui puisse me faire un peu peur. Mais je sais qu'on est pas si loin, et qu'il aimera Aix comme je l'aime déjà! Ma mère c'est pas la même chose. Parce qu'au fond, ça fait déjà des années que je suis sans elle...

Notre dossier est remis à la proprio. Normalement l'appartement est à Nous mais je suis jamais trop prudente! J'ai développé cette "peur" d'affirmer les choses avant qu'elles ne soient certaines à 10000%. Trop de déconvenues! Je sécurise toujours toutes mes phrases à coup de "normalement"... J'espère qu'on aura la réponse définitive rapidement, parce que si elle nous fait finalement un joli coup de pute, va falloir qu'on soit méga réactifs pour re-contacter les proprios d'autres appartements, en espérant que certains soient toujours dispo... Enfin bon. J'envisage le pire, comme d'habitude. Quand quelque chose d'important arrive, j'me dis toujours que quelque chose va foirer, que ça ne va pas arriver, que j'vais mourir avant (oui...). Bref. J'me soigne.

 

Chère jeune moi d'il y a cinq ans,

 

Tu attaques à peine l’année 2010 et je sais que c’est pas la grande forme. T’es tout juste célibataire et je me souviens que ça n’a pas été évident. Mais tu sais, ce Mec avec qui tu discutes… Ça va, fais pas ta tronche d’innocente, j’suis passée par là j’te rappelle. J’me souviens des papillons dans le ventre et du sourire niais, hein. Bon. Ce Mec-là, il semblerait que ce soit le bon, vois-tu. Et cette photo, là, c’est l’une des premières que vous prendrez ensemble. Si c'est pas dingue ça! Ah, si tu savais ce qui t’attend…! N’aies pas peur, tu vas globalement vivre des trucs assez fous mais pas négatifs. Et ce Mec, il sera à tes côtés. Et jour après jour, il va te montrer à quel point il est extraordinaire, et à quel point la vie l’est aussi. Il va t’aider. T’aider à sortir la tête de l’eau, à voir un peu la lumière dans l’obscurité, à combattre tes démons et te montrer comment on peut vivre autrement, sereinement… Bon, j’te connais, j’nous connais, et j’y ai été : on ne va pas forcément être d’une intelligence toujours exemplaire et tu vas foirer parfois. Lui aussi, si ça peut te rassurer. C’est normal. Mais tu verras! Il sera toujours là, jamais loin. Bien des choses vont changer et ça aussi c’est normal. Dans ton quotidien, sur ta peau, dans ton ventre… Vous allez grandir ensemble, côte à côte. Vous allez vous construire une vie toute jolie, pleine de surprises et surtout débordante d’Amour. C’est comme dans tes rêves de petite fille. L’Amour avec la majuscule, l’inconditionnel, l’éternel. Je sais, ça doit te paraître quelque peu improbable, il vient à peine de te donner son numéro, mais tu verras! Tu verras les nuits entières que vous passerez au téléphone. Tu verras ce que ça fera, quand tu l’entendras pour la première fois te dire « Je T’Aime » dans quelques mois. Et quand il viendra te rencontrer enfin. Et quand il ne repartira plus. Ah ma fille, une vraie scène de cinéma sur le quai de cette gare! Tu verras comme tu seras fière de Vous deux. Comme tu seras fière de tenir sa main dans la rue. Sois digne de lui. Fais des conneries parce qu’on en fait tous. Ca aidera à vous construire de toute manière. Mais sois digne. Puis tu vas morfler parfois, je te préviens. Tu vas lui faire du mal, il va te faire du mal. Mais je crois que c’est aussi ça l’Amour, surtout quand il a une telle majuscule. Tu vas morfler mais n’abandonne jamais. Même quand tu seras persuadée que l’espoir a déserté. Ça ne se finira jamais. Tu verras, ma grande (oui tu détestes cette condescendance mais moi j’ai le droit, je suis toi-même). N’abandonne jamais, Vous deux c’est plus fort que tout.

 

Aujourd’hui, on est le 21 Janvier 2015 et ce Mec-là tu vois, c’est toujours le tien. C’est l’Homme avec lequel tu vas partir vivre à 300 bornes de ta petite ville pourrie dans quelques jours. C’est l’Homme qui comble ta vie (et tes nuits, j’te le dis tout de suite). Puis bon, entre nous, c’est l’Homme qui va t’emmener à Disneyland demain (oui, encore 5 ans à attendre pour ce rêve-là mais je crois que ça va valoir le coup), donc tu vois : accroche-toi et Aime le comme je l’ai Aimé. Tu seras une reine dans ses bras, j’te le promets. Et pense à le remercier pour ce Bonheur. Régulièrement. Ne cesse jamais de l’admirer, de mesurer ta chance incroyable, ne prends jamais votre Histoire pour acquise. Bats-toi au quotidien pour lui, ne le laisse plus jamais partir, tu m’entends connasse? Bon. Allez.

 

J’te fais des bisous (on est jamais trop narcissique, tu sais c’que c’est) et… Bon courage! 

 

 

Nous sommes rentrés hier soir. Je sais même pas par quoi commencer, sérieusement. Tellement de choses, en trois jours là-bas! J'étais une vraie gosse. Plus vraie que les vrais gosses d'ailleurs. J'crois qu'eux ils se rendent pas tellement compte des choses en fait. De la réelle beauté des choses. Je sais pas trop ce que peut penser un enfant de tout ça, fatalement. Mais, pfoua. Tout est tellement beau bordel. C'est absolument extraordinaire. Incroyable. Les détails, partout, c'est époustouflant. Les rappels constants, subtiles, évidents, fins, drôles, émouvants à l'univers de Disney. C'est normal, mais c'est tellement PARTOUT! Je ne savais même pas à quoi m'attendre en fait. Je ne savais pas comment c'était fait, dedans. Comment c'était disposé. Comment c'était décoré. C'est au delà de tout ce qu'on peut imaginer de toute façon. Tout est incroyablement magique.

Nous sommes donc partis à 7h20 jeudi matin, de la gare de Saint-Etienne. A 10h35 environ, nous arrivions à Marne la Vallée. Monsieur ne faisant pas les choses à moitié, nous avions le super service dont je ne sais plus le nom et qui consiste à déposer nos bagages directement à la gare pour aller les récupérer le soir directement à notre hôtel. Pas besoin donc de se taper un aller-retour pour rien à l'hôtel ni de se trimbaler nos sacs toute la journée! La classe j'vous dis. Le monsieur qui a pris nos affaires nous a d'ailleurs remis nos pass pour Disneyland avec quelques informations relatives à la récupération de nos affaires et compagnie. Après cette interlude (putain à ce rythme, mieux vaut entamer un livre non?), on se dirige enfin vers le parc. On passe la sécurité et nous voici dans Disney Village! C'est ici qu'on trouve une majorité des restaurants/bars/magasins. Et c'est ouvert à tous, les points de contrôle pour l'accès aux parcs sont plus loin. On commence donc à faire un tour des magasins, et l'émerveillement commence! C'est absolument immense, et tu trouves absolument de tout. Bon, j'en ai profité d'entrée de jeu pour faire du repérage hein. Surtout qu'on avait un bon de -20% à partir de 50€ d'achat. Pas négligeable et surtout bien vite atteint, entre nous...! Bref. Ensuite on a mangé je crois, avant d'aller enfin à la découverte du premier parc. On a commencé avec Walt Disney Studios, le plus petit parc des deux! On a enchaîné les attractions, en évitant soigneusement les plus dingues, mon petit cœur étant un petit cœur fragile et fébrile. Et à chaque nouvel endroit, j'étais comme une putain de gosse. Complètement émerveillée par tout. Le sens du détail est absolument incroyable. Tout est savamment étudié. C'est indescriptible de toute façon. En fin d'après-midi, on est allés jeter un oeil au second parc, nommé de manière surprenante et originale : Disneyland Park. Avant d'y accéder, on est confrontés à l'Hôtel du parc, genre l'officiel et tout avec Mickey sur l'horloge. Quelle beauté! C'était somptueux. Le vrai truc de princesse, bien rose et tout t'sais. Ensuite donc, on arrive sur Main Street, une grande avenue qui mène directement au fameux château! Je l'ai aperçu de loin et je croyais déjà défaillir. Sincèrement, s'il n'y avait pas eu toute cette foule rassemblée en attendant la parade, j'aurais probablement chialé comme une idiote. Mais donc, la foule! On ne savait même pas que la parade avait lieu à cette heure-ci, on est tombés dessus complètement par hasard mais quel heureux hasard! Juste quand les chars arrivaient à notre niveau (et donc à la fin, finalement)! C'était trop choupinou. Les chars étaient d'une beauté dingue, et je passe sur le sens des détails que j'ai déjà trop mentionné, on a compris le principe! On a donc vu tous les personnages qu'il était possible de voir, j'ai pris autant de photos que possible. C'était super cool. Ensuite, la foule s'est rapidement dispersée, il était presque 17h30 je pense. A peine le temps de s'approcher du Château, de faire un tour rapide et le parc fermait. Chaque soir a lieu un spectacle visuel aussi, Disney Dreams. Mais on a décidé de le voir le lendemain, préférant rentrer tout de suite après cette longue et belle première journée. Avec la navette, on était à l'hôtel en cinq minutes chrono, assez topissime. J'ai récupéré les bagages pendant que Monsieur réservait le restaurant (demi-pension RPZ). On a rejoint notre chambre, en traversant tous les bâtiments. C'était super mignon, ces petits blocs et leurs escaliers m'ont carrément fait penser au village vacances dans lequel j'ai passé tous mes étés d'enfant! La chambre était mignonne aussi, bien assez grande, et décorée à la Cars. Ca allait très bien pour les deux grands enfants que nous sommes! Ensuite nous sommes donc allés manger. C'était un buffet à volonté, cuisine internationale et pas mal de spécialités mexicaines. Ben c'était juste super bon. On s'est gavés comme deux oies! Ensuite, gros dodo tôt. Le lendemain matin, on s'est levés tranquillement vers 9h (le parc n'ouvre qu'à 10h). On a pris notre petit-déjeuner, toujours en buffet à volonté. Donc: GROS petit-déjeuner. Puis on a rejoint le parc à pieds. On a longé un canal, c'était super choupinou cette petite balade matinale. En un quart-d'heure tout au plus, on y était! Cette fois on a donc commencé la journée avec le Disneyland Park. On a exploré et testé les attractions qui se présentaient à nous, toujours en se cantonnant aux plus "softs". Et toujours en s'émerveillant de tout. On a mangé tard, le petit-déjeuner nous ayant aidé à tenir un bon moment. Vers 17h, on a pris notre "pause gourmande" (on avait des tickets pour un donut's et une boisson au choix, héhé). On a donc fait nos connards de clients de dernière minute au Bella Notte (la Belle et le Clochard TMTC), avec un serveur adorable qui nous a quand même offert un donut's de plus, bouahaha! Merci gentil monsieur, je me souviendrai longtemps de toi! On a fini notre tour tranquillement et on a regagné l'avant du château pour attendre le spectacle qui commençait à 19h. On s'est bien gelé les miches n'empêche. Mais on avait une place de choix! Et alors là c'était parti pour une bonne demi-heure de merveille totale. Des images étaient projetées sur le château et dans les jets d'eau(!). Le tout avec des feux d'artifices, de la musique Disney à fond les ballons. C'était juste splendide. Le final nous a laissé sur le cul d'ailleurs. Après cette dose de beauté pure, on a traîné encore dans les boutiques de Disney Village qui ferment plus tard que tout le reste, pour éviter la foule dans la navette. On est rentrés vers 21h et on est allés manger tout de suite. Encore un bon repas de gros héhé. Couchés toujours aussi vite vu la fatigue. Avoir froid ça fatigue aussi pas mal et faut avouer qu'on a eu très froid tout le long. Même si on était plutôt bien habillés, après une journée complète dehors, c'est un peu inévitable de se geler! Bref. Samedi, nous nous sommes levés tôt: être client de l'hôtel nous faisait bénéficier d'une entrée "VIP" à 8h aux parcs, soit 2h avant l'ouverture au public! Après un toujours aussi bon et gros petit-déjeuner, on a déposé nos bagages à la bagagerie pour les retrouver le soir à la gare, et pris la navette sous la pluie/neige. OUI nom d'un cul, il a neigé là-bas! Juste pour moi, normal. En arrivant aux parcs, on a commencé à tourner un peu dans le grand parc, sous les arcades pour se protéger un peu du temps. ET LA, on a croisé Tic et Tac! Puis Pluto et Dingo! Aha, c'était trop génial. Puis Mickey. On l'avait vu la veille déjà, avec Winnie d'ailleurs! Bref, plein de photos trop classy, c'était super coolos. Ensuite on a fait un tour aux attractions qu'on voulait refaire mais la plupart n'ouvrait pas en avance... Donc on a fait les magasins qui n'ouvraient pas non plus en avance... Donc on a bu des chocolats chauds. Ensuite on a fait absolument tous les magasins en essayant de se raisonner mais c'était dur des fois. Et les deux attractions qu'on voulait vraiment refaire étaient prises d'assaut. 70min d'attente pour Nemo, et attente indéfinie pour Ratatouille: elle était bloquée par un soucis technique! Super aha! M'enfin, on s'est beaucoup promené en essayant de s'imprégner au maximum de tout ce qu'on voyait, écoutait, sentait. Les vendeurs étaient tellement aimables aussi, t'as jamais vu ça sérieux. Ils nous demandaient quasi systématiquement si on allait bien, si on avait passé une bonne journée, et nous souhaitaient toujours une merveilleuse fin de séjour. Trop d'amour. Trop d'amour partout, en Nous, en Toi, en Moi. C'était tellement parfait. Finalement, à part un résumé factuel de nos aventures, je trouve pas tellement les mots pour la partie émotionnelle. C'était trop de choses pour moi. J'attendais ça depuis tellement, tellement longtemps. Avant, j'avais cette petite tristesse en voyant les pubs pour Disneyland à la télé. Maintenant, j'ai ce sourire énorme, cette petite pointe de tendre nostalgie. Merci pour ça, merci pour Tout, Toi.

Cet appart' vide commence à me sortir par les yeux. Vivre au milieu des cartons, c'est quand même pas l'éclate totale. J'ai tellement hâte que tout soit terminé. Qu'on soit ensemble, là-bas. Vendredi soir, Il va signer le bail et faire l'état des lieux, enfin! Tout est réglé. Tout est bien.

Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à cela hier soir, mais je me suis repassée l'entretien frustrant et douloureux que j'avais eu à l'hôpital avec un interne, avant l'IVG. Et j'ai surtout bloqué sur sa question "Avez-vous des problèmes de santé?" à laquelle je m'étais empressée de répondre que non, bien évidemment que non. Ma mère m'avait immédiatement reprise, presque indignée que je n'étale pas naturellement les 5 opérations que j'ai subi dans mon enfance, mes douleurs encore d'actualité, etc. Et je n'ai jamais été d'accord avec ça. Ce ne sont pas des problèmes de santé à mes yeux. Mon "non" à cette question me parait toujours parfaitement juste et sincère. C'est la seule réponse qui me semble légitime! Et ce, parce que je n'ai pas de maladie. Je n'ai jamais eu de maladie. Je suis juste née en kit. J'ai du être réparée de quelques malformations. Voilà tout. C'est tout! Et c'est quand même pas grand chose, c'est le cas de tellement de gens. Oui, je souffre toujours, et quasi constamment. Mais qui ne souffre de rien aujourd'hui? Moi, je ne suis pas en train de mourir d'une maladie qui ne se guérit pas, ou peu, ou mal. Alors non, non je n'ai pas de problème de santé.

 

Février

 

Nous avons déménagé samedi. C'était difficile à pas mal de niveau, physiquement surtout. J'ai des bleus plein les cuisses, top de la sexytude. Mais tout va parfaitement bien. Je suis juste ravie d'être enfin là. Même si je crois que je ne réalise pas encore totalement. Ça viendra quand le quotidien s'installera vraiment. J'ai eu le temps d'explorer un peu le quartier avec mes bofs. C'est définitivement splendide. C'est le bonheur.

Plus je découvre la ville et plus je l'aime, aussi. C'est fou c'que c'est différent de Saint-Etienne. Tout semble différent. Et je me sentais déjà presque étrangère en revenant ici aujourd'hui. Je me sentais déjà loin de chez moi, alors que j'ai habité ces rues toute ma vie. Tant de sentiments! Tout est étrange et tout est plaisant.

Je me sens chez moi ici. Même si dans un sens je suppose que je ne réalise toujours pas. Parfois j'ai l'impression d'être comme en vacances ici, en séjour. Pourtant l'appartement prend forme. Je sais que je suis chez moi, chez nous. Enfin bref. C'est encore un peu le bordel dans ma cervelle, se refaire à une vie à deux n'est pas toujours évident, mais au fond tout va bien et je pense que c'est l'essentiel. 

Ce matin, j'ai posté une annonce sur un groupe "d'entraide" sur Aix, pour la Photo. J'ai dit que je débarquais, que je voulais de nouveaux visages à photographier, etc. J'ai eu des dizaines de réponses! Ca fait vraiment chaud au coeur. Je sais que pour eux, c'est l'occasion d'avoir une séance gratos plus qu'autre chose. Mais au moins ça me fait des contacts, des occupations, ça me fera découvrir des lieux aussi peut-être. 

 

Mars

 

Tout va bien, la vie suit son joli cour. J'enchaîne les séances photos et les rencontres. Ca fait du bien de sortir, de découvrir encore, de connaitre de nouvelles personnes. Les chats vont bien. On les laissait sortir sur le toit de l'immeuble mitoyen, la fenêtre du coin salon en bas donne directement dessus. Mais l'autre fois, en pleine séance-photo-équilibre avec Carla, sur ce toit-là, on est tombée sur la dame qui vit là. Outre le fait que son toit soit fragile et qu'elle ne tienne pas à nous voir gambader dessus, elle nous a alerté sur la présence de mort aux rats très puissante. En refaisant leur cheminée, ils sont tombés sur un genre de nid de rats énormes et une société vient tous les deux mois déposer du poison sur le toit. Evidemment, je n'en savais strictement rien et on a eu une chance assez dingue de ne pas avoir de problèmes jusqu'ici. Je tiens moyennement à retrouver mes filles mortes empoisonnées... Du coup elles dépriment, à rester devant la fenêtre et à miauler pour que je vienne leur ouvrir.

4 séances photos en cinq jours (si celle de demain se passe (bien)). Jamais autant carburé, au final!! C'est juste génial. J'explore les styles et les personnalités. Je m'entraîne, j'exerce. Ca fait un bien fou de me tenir occupée d'une si belle manière. Je passe aussi énormément de temps sur mon nouveau site et sur sa partie "blog", à relater mes séances notamment. Ecrire, écrire, écrire. Ecrire sur la photo, en plus! Allier mes deux nécessités. 

Tout à l'heure, j'ai réalisé que je vivais à 40 minutes de la mer, environ. C'est quand même une pensée tellement chouette...

Ca aurait été le mois prochain. T'imagines?

Mon dos me fait énormément souffrir en ce moment. Je passe vraiment trop de temps sur l'ordinateur. Je pense que c'est ça qui me bousille comme ça. Finalement la position assise est aussi catastrophique que la position debout prolongée. Je ne suis bien que couchée, en fait. C'est l'éclate totale, dis-moi! Vivement que je sois vieille/enceinte/jesaipakoi non? Qu'on finisse de se marrer.

Dix ans, déjà. Et je m'en souviens toujours aussi bien. Le coup de fil, les jambes qui me lâchent. Puis la cérémonie. Tous ces gens et pourtant la solitude... Je voudrais que tu sois encore là. Que tu le connaisses, que tu me vois maintenant, que tu sois fier de moi et que je sois toujours ta petite préférée. Je voudrais avoir eu plus de temps avec toi. Plus de temps à aller marcher au parc et à t'entendre nous enseigner les arbres et les fleurs. Plus de temps avec un toi en pleine forme, au moins. Pas comme à la fin, pas comme sur ce lit d'hôpital où tu n'étais plus qu'un corps décharné et vide d'à peu près tout... Tu me manques, tu me manqueras toujours. Je pense à toi et même si je suis bien trop terre à terre pour toutes ces conneries, j'espère que tu es bien là où tu es, si tu es quelque part ailleurs que dans nos coeurs et nos mémoires. A bientôt, Grand-père. ♥ 

Quand je DOIS aller quelque part, c'est fermé exceptionnellement. Je pense que l'univers se fout de ma gueule.

Il pleut depuis le début du weekend, presque non stop. C'est assez triste. Je suis habituée avec Sainté, même si on avait souvent de beaux étés, on avait aussi notre quota de temps de merde. Mais ici c'est triste. Comme si la ville n'était faite que pour le soleil.

Et en fait, je trouve ça complètement surréaliste. D'être si en danger quand on donne la vie. Il peut se passer tellement de choses. Il y a tellement de problèmes possibles. Pendant la grossesse, pendant l'accouchement. Trop de choses peuvent mal se passer. C'est absolument terrifiant quand on y pense.

Je suis née depuis 8497 jours. Ca fout le vertige.

Déjà fin Mars. Tout passe si vite. Déjà deux mois qu'on est ici! Jeudi soir, ma mère arrive pour passer le weekend avec nous. J'ai hâte de la voir et de lui faire découvrir ma vie, ma ville. D'ailleurs, j'ai enfin et pour de bon l'impression de faire ma vie. Je suis partie depuis un moment maintenant. On habite ensemble, tranquille, chez nous, depuis Septembre 2011! Mais l'éloignement finit de me donner cette sensation. Je fais vraiment ma vie ici, je suis encore un peu plus livrée à moi-même, encore un peu plus indépendante. Et c'est bon.

 

Avril

 

Je ne sais pas si j'en suis déçue ou si au fond je m'y attendais ou si c'était pas si pire. Je ne sais pas si elle a encore besoin de se convaincre elle-même de toutes les conneries qu'elle raconte ou si elle espère me convaincre moi... Pour parler clairement, elle a trouvé le moyen de s'enfiler quelques verres de vins rouges tous les jours. En guise de dessert ou je me fais un petit plaisir, je suis en vacances. Le bon foutage de gueule de base. Elle m'a baratinée avec ses histoires de psy addictologue et de je supporte plus le pétillant de toute façon, ah je te jure, bouark! Toujours ce comportement insupportable à base de je te critique parce que je suis tellement légitime avec mon mode de vie si sain, je me mets en avant, je sais mieux que toi, je te coupe la parole puisque je sais mieux que toi et qu'il faut que je me mette en avant... Elle n'a toujours pas conscience de ce phénomène qu'on appelle "évolution" + "temps" et elle est restée bloquée à son divorce, dans sa tête. Je suis la même gamine qu'il y a 13 ans (donc pour elle, capricieuse, impatiente avant tout), à qui il faut offrir un petit cadeau pour calmer ses nerfs quand cette petite capricieuse semble en colère (mais pourquoi, dis donc?), mon père aussi est resté le même "con", pour faire court. C'est insupportable. Qu'elle se permette encore et encore de le descendre devant moi. Qu'elle ose penser me connaitre mieux que moi-même, quand elle a été si absente de ma vie, quand elle a tellement loupé de moments, quand je n'ai même plus voulu me confier à elle pendant tant de temps... Qu'elle ose penser connaitre encore mon père quand elle n'a strictement plus eu affaire à lui depuis 13 ans... Elle est devenue une personne si aigrie qu'elle voit le même aspect chez tout le monde, je crois... Malgré tout, je ne peux pas nier qu'on a aussi passé de très bons moments. On a énormément ri, tous les trois. Mais je ne peux pas empêcher ce goût de déception de venir emplir ma bouche. Je ne peux pas m'empêcher de penser pour le moment à tout ce qui m'a fait mal, plus qu'à tout ce que j'ai aimé de ce séjour. J'espérais mieux. Et je me sens parfois ingrate. Je sais qu'une mère, c'est une mère. Je sais qu'avant, elle a tant fait pour moi, pour nous. Je sais qu'elle doit souffrir de me voir la rejeter un peu parfois, de me voir en colère contre elle. Et je n'arrive toujours pas à supporter l'idée de la savoir mal par ma faute. Je me dis que je pourrais faire des efforts, qu'elle est là, qu'elle essaye, qu'elle n'a pas été ivre une fois finalement ces quelques jours même si elle a bu un peu. Je me dis que je pourrais essayer mieux, moi aussi. Puis je pense à ces années. Je pense à ces fois où elle appelait mon frère sans un regard pour moi qui subissais pourtant tout et qui tentais tellement d'être là, d'aider, de sauver les situations. Je pense à sa violence, celle de ses mots et de ses gestes quand elle me foutait presque dehors, quand elle me poussait contre les meubles de ma chambre parce que j'avais l'audace de vouloir me tirer de cette maison sordide. Je pense à son regard vide, toutes ces années, à son haleine et sa démarche titubante. Je pense à tout ça, et je ne peux plus la regarder, je ne peux plus. Je suffoque d'être dans la même pièce qu'elle. Je passe dans la même minute de la joie d'être avec elle à cette espèce de haine mal déguisée. Pourquoi est-ce que tout est si compliqué?

Mon frère et sa copine sont encore là. Je suis encore ahurie de leur comportement. Surtout elle. J'arrive pas à croire qu'on puisse se comporter comme ça quand on est invités, accueillis, quand on a bousculé son emploi du temps pour toi, quand on t'inclut comme ça dans toutes les activités prévues... C'est juste impensable. Sa putain de gueule de blasée, et que j'traîne des pieds partout, et que je suis même plus foutue de m'émerveiller de rien ou d'être juste à peu près satisfaite de ce que je fais. Mais mon dieu quoi!! Et mon frère, complètement émasculé. Il a jamais eu de caractère mais là il se fait juste piétiner par sa grognasse. Incapable de prendre une décision aussi simple que "qu'est-ce qu'on mange" ou "que fait-on"... En fait je crois qu'il la connait tellement qu'il sait qu'il vaut mieux pas la contrarier donc il cède à absolument tous ces caprices. C'est proprement insupportable d'assister à leur mascarade. Comme disait Chéri en expliquant un peu tout ça à sa mère, c'est tellement dommage, on aurait passé de si bons moments si mon frère était venu seul... Ce qui est certain, c'est que cette conne ne remettra plus les pieds chez nous. Ce qui est certain, c'est qu'on va finir par prendre mon frère entre six yeux et qu'il va devoir se réveiller. 

Les filles vont bien. Elles se lâchent plus toutes les deux, c'est un tel level de mignonitude! J'espère vraiment que ça va durer. Kanai me parle toute la journée depuis hier, je ne sais pas vraiment ce qu'elle veut ou pourquoi elle fait ça. Mais on a des conversations sympas du coup!

L'impression de pédaler dans la semoule.

Mon père arrive dans une semaine tout pile. Qu'est-ce que j'ai hâte de le voir. Il commence à vraiment me manquer je crois. Je me sens un peu seule ici parfois. J'ai quelques contacts maintenant dans le coin mais j'ose pas appeler ou écrire. Après tout, pour la plupart, je ne les ai vu qu'une fois. Et c'était pour des photos. Je ne vois même pas pourquoi j’espérerais plus. Enfin... Petit coup de déprime. J'aime toujours autant la ville et ma vie ici mais bon. C'est pas toujours évident d'être loin de tous ceux qu'on aime...

 

Mai

 

Mon père est reparti hier en milieu d'après-midi. C'est passé un peu trop vite à mon goût. Le revoir m'a fait prendre conscience qu'il me manque en fait énormément. Les moments qu'on passe ensemble sont toujours très simples mais si précieux... Il me fait tellement rire, on se ressemble tellement!

Je vois parler d'IVG partout en ce moment. Parfois mon cerveau se bloque et passe outre. Parfois moins. Quand j'y pense, j'ai globalement l'impression que ça n'est jamais arrivé. Que j'ai jamais été dans cet hôpital, à me tordre de douleur et à pisser du sang pendant 3h. Ca me paraît si loin. A des années lumière de ma vie aujourd'hui. Mais le fait est qu'aujourd'hui, si, on serait parents. Ca me conforte dans ce choix car mon dieu, on est tellement pas prêts pour ça je crois! Mais ça fait mal aussi. J'y peux rien. Ca fera toujours un peu mal.

Hier en me préparant, je me suis croisée dans le miroir, entière. Ca faisait longtemps et... Et je me suis dégoûtée. J'ai trouvé mon corps énorme. Ca fait un moment maintenant que je me dis "grosse", un peu trop grosse en tout cas. Mais au fond je ne le voyais pas tant que ça. Je vois bien la taille de pantalon que je peux passer par rapport à celle que j'enfilais il y a quelques années. Je vois bien les chiffres changer. Mais comme je ne me suis jamais trouvée bien, mince, je n'arrivais même pas à le voir. Sauf hier. Sauf cette fois. Cette fois je me suis trouvée grosse. Difforme. J'ai eu envie de pleurer en voyant à quoi je ressemblais. Ca m'a percutée comme un coup de pied dans le bide. C'est difficile. Je travaille tellement sur moi pour aimer malgré tout ce que me renvoie le miroir! C'était trop pour moi, trop à encaisser hier. Je me suis pas attardée. J'ai enfilé mon short et un t-shirt. Ca allait mieux. J'ai tourné un peu devant ma glace, c'était pas si pire. J'ai la taille marqué, de bonnes hanches. Mais ça va, c'est joli, c'est féminin. Je crois que c'est ma peau qui me dégoûte. Ma peau étirée, parfois marquée, trouée par les vergetures ou la cellulite... Même mon visage m'a semblé différent. C'est ce que j'aime encore très sincèrement en moi, mon visage. Mais hier il m'a semblé si laid... Laid et enflé, tout rond, sans charme. Je ne sais pas comment finir ce pavé inutile. Je ne sais pas s'il y a une conclusion à tout ça. Aujourd'hui ça va mieux je crois mais le fond est le même. Faut que j'arrête les conneries, faut que je calme mes fringales avant de me haïr complètement. Comment on arrête de manger?

Mon dos, ça me semble pire que jamais. Je ne peux plus rester plus de 10 minutes (grand maximum) debout devant mon évier à faire la vaisselle. C'est juste insupportable, cette douleur. Ca me prend tout le côté gauche en bas, ça enveloppe la chair et c'est comme si ça pouvait me paralyser si je ne changeais pas de position immédiatement. Je ne sais pas le décrire mieux. Ca ne me lâche plus. J'ai de moins en moins de répit dans la douleur. Mais quel corps de merde...

Le séjour dans le Tarn s'est bien passé.  Ca m'a fait du bien d'être un peu à la campagne. C'est très beau là-bas. Je ne connaissais pas du tout la région. Leur maison est complètement perdue dans un coin sans réseau, entouré par les forêts et les petits sentiers à parcourir. J'ai pris 900 photos en 3 jours. On a aussi été dans un zoo (propriété d'un cousin de Son père), c'était plutôt chouette! On a vu des endroits juste sublimes, j'étais complètement désespérée de ne pas avoir une jolie nana sous la main, à déshabiller dans les fougères! Certains lieux auraient donné des photos extraordinaires avec un modèle. On a eu assez mauvais temps par contre. A part la journée de jeudi où on a même un peu crevé de chaud, c'était pluie et nuages à gogo. Tant pis, ça reste reposant d'être ailleurs que chez soi parfois. J'étais pourtant bien heureuse de rentrer hier. Mes filles m'ont beaucoup manqué, forcément. Elles sont toujours pleine d'amour. Khaleesi a toujours une boule qui inquiète pas mal l'Amoureux, sur le ventre. Elle avait du gras donc un petit bout qui pendouillait toujours, même avant l'opération. Mais depuis, ça forme clairement une boule assez dure, qui semble se déplacer ou "éclater" un peu quand je touche. C'est vraiment spé. Elle n'a pas mal du tout mais bon... On m'a dit que c'était une petite inflammation qui partirait tout seul. Sauf que ça fait exactement un mois qu'elles ont été opérée et je trouve ça moyennement normal. On voit d'ailleurs toujours très visiblement ses points de suture, qui devaient se résorber seuls. 

C'est une hernie. Les points de sutures internes ont visiblement lâchés, donc elle se retrouve avec les intestins qui se baladent. Je comprends mieux cette impression d'éclatement que j'avais en touchant cette boule! C'était juste ses boyaux qui roulaient sous mes doigts. Bon appétit... C'était impressionnant d'ailleurs, la véto l'a manipulée quelques secondes et la boule semblait invisible, tout était remis en place (pour quelques instants seulement bien sur...). Bien dégueu. On va l'opérer mercredi prochain, du coup. Elle a tout fait pour ne pas m'inquiéter, la véto. Dans l'état ce n'est pas grave en soi, mais ça pourrait s'élargir et devenir sérieux donc dans tous les cas il faut bien sûr réopérer. Ca m'angoisse déjà, à nouveau.

J'ai vraiment très hâte d'être à demain et de me faire chouchouter la tignasse. Je suis encore dans une guerre incroyable avec moi-même, avec mon corps. Alors changer de tête me fera un peu oublier, me fera du bien. J'arrêterai pour un temps de regarder ce qui me révulse. J'aurais de jolies petites choses roses à admirer dans ma chevelure. Ce sera bien.

J'ai des cheveux de licorne.

Khaleesi va bien. On est allés la chercher à 16h. La véto n'a réalisé l'opération qu'en début d'après-midi donc elle était encore endormie. Elle s'est réveillée quand on est arrivés à la maison. Enfin si on peut appeler ça "réveillée"! On l'a laissée se remettre tranquillement dans la salle de bain (pour que Kanai la laisse), elle y est même encore à cette heure-là. Elle est toute faible, ça fait toujours de la peine. Elle a vomi deux fois. On a eu une trouille... La véto nous avait prévenus, là n'est pas le problème. Mais dès que ça sortait, elle tombait à la renverse, comme dans les pommes quoi. On a vraiment flippé. Les deux fois, la même frayeur... J'ai surtout eu peur qu'elle finisse par s'étouffer dans sa gerbe quoi. Ca fait mal de la voir comme ça. Je me figure un peu l'état dans lequel elle est et comme elle se sent et ça me fend un peu le coeur...  Enfin voilà. Comme d'habitude, je suis pas tranquille. Je vais avoir du mal à dormir en la sachant seule dans la salle de bain.

C'est vraiment comme je l'ai prévu. Mes cheveux et donc mon nouveau visage me détournent du reste. Je suis moins en conflit avec ce reste. Pourvu que ça dure, le temps que le reste change...

 

Juin

 

Que le temps passe vite... Déjà la moitié de l'année. J'en reviens pas. Déjà 5 mois que nous sommes ici à Aix. J'ai l'impression de vivre ici depuis toujours. C'est chez moi.

Il fait une chaleur folle ici. Je sais que c'est un peu partout la même galère en ce moment. On meurt de chaud dans notre duplex sous les toits. Même avec toutes les fenêtres ouvertes en journée, l'air ne circule pas vraiment. C'est un bonheur! Enfin, on va pas se plaindre non plus. Mais bon, je serai pas contre une piscine dans notre salon. Par exemple.

Je me traîne un ongle incarné depuis des années (4, 5?), j'ai déjà du en parler ici. Depuis hier c'est pire que jamais. La douleur se réveille et j'ai surtout l'impression que l'ongle a tellement poussé dans la peau qu'il est maintenant à deux doigts de me la transpercer de l'intérieur. C'est juste abominable. Ca fait un petit bout comme nécrosé, soit plein de pus ou de sang. C'est dégueulasse et ça me fait souffrir comme jamais.

Je T'Aime.

Samedi, on a passé une super journée avec ma mère. On devait aller marcher un peu à la Ste Victoire mais vu l'état de mon dos, on a finalement passé l'après-midi au lac du Bimont. C'est un endroit magnifique, sauvage. On était quasi seuls au monde. L'eau turquoise, fraîche mais si plaisante. On s'est baignés. Ca devait faire 3 ans que je m'étais pas baignée. Moi qui aime tant l'eau...! C'était top. Mais ça a fini de m'épuiser. Du coup dimanche soir, j'ai failli dire aux garçons de sortir sans moi. J'avais très envie de profiter de cette première fête de la musique Aixoise mais j'avais pas la force. Au final, j'y suis quand même allée. Et j'ai picolé comme un trou pour me donner un peu d'énergie. Et ben... J'ai jamais été aussi mal de ma vie! C'était ridicule et pathétique, vraiment. J'ai carrément des gros trous noirs. Aucun souvenir d'avoir monté les 5 étages pour rentrer, par exemple... C'est flippant. Putain pourquoi on se met dans des états pareils, franchement? Plus jamais ça. Heureusement, j'ai l'Amoureux le plus Amoureux de la terre. Il s'est occupé de moi pendant plus d'une heure avant qu'on puisse se coucher. Il m'a déshabillée et fait prendre une douche, il a supporté mes élucubrations de nanas torchée, il m'a mis des claques quand je partais un peu. En fait ça a l'air normal, dit comme ça. Et connaissant l'oiseau, je sais que c'est normal pour lui aussi. D'être là, de s'occuper de moi. Mais j'étais tellement dégoûtée de moi-même que je me suis sentie chanceuse au delà du possible, d'avoir un tel Homme dans ma vie. D'avoir ce Mec qui m'enveloppe de sa tendre bienveillance pendant que je lui vomis sous le nez. Putain, j'arriverai presque à rendre tout ça romantique! Non mais, bon. Je T'Aime, c'est tout. J'ai juste envie d'être à dimanche maintenant. Parce que tu vois, même si tu t'en fous, de tes anniversaires, moi j'ai très envie de fêter le jour de ta naissance, de fêter ce moment où tu es arrivé sur notre Terre et qui a permis notre rencontre, 21 ans et demi plus tard. Je T'Aime.

C'est complètement hallucinant, la vitesse à laquelle passe la vie. Quand j'entends ma grand-mère parler de sa vie en me disant à quel point tout est allé trop vite, je lui riais un peu au nez. Comment 84 ans peuvent passer vite? Mais quand on y réfléchit, je suppose qu'elle a raison. Les journées sont parfois longues mais le temps file inexorablement. C'est ainsi.

 

Juillet

 

Il fait une chaleur insupportable. On meurt complètement sous les toits. On vit accolés à notre ventilateur et à moitié dans la douche. Je suis écrasée par ce temps sec, j'ai la force de rien, l'envie de pas grand chose, l'énergie d'un poulpe mort. J'ai juste hâte que l'atmosphère se rafraîchisse.

Mon Monsieur a été super gâté ♥ ! Il a reçu entre autre un gros cadeau commun : un saut à l'élastique. ... ........ J'en suis déjà malade. Rien que d'y penser, je me sens mal. C'est vraiment le cadeau désintéressé pour faire plaisir à l'autre et point final quoi. Je sais qu'il adore ce genre de trucs. Je n'ai aucune idée de la manière dont je vais survivre à cette journée de saut. Ca m'angoisse, c'est inexplicable quoi. Ca se passera dans les gorges du Verdon, y a le pont le plus haut d'Europe, un truc comme ça. Faut qu'on book la date et qu'on voit avec ses parents pour qu'ils nous emmènent. Le bon d'achat comprend aussi la vidéo du saut, comme ci j'avais besoin de voir mon Mec se jeter dans le vide plusieurs fois! Alalalalalala...

Dans une semaine, on sera presque partis pour Sainté, pour l'anniversaire de ma mère. Sans parler du fait de revoir mes parents, ma famille et surement quelques amis, ça ne me fait strictement rien de me dire que je retourne là-bas. Aucune hâte de revoir cette ville. Je me demande juste quel effet ça me fera finalement sur le moment. Mais je suis si bien ici à Aix! Une fois de plus, je le répète : c'est chez moi. C'est comme si mes 23 premières années de vie à Saint-Etienne ne valaient rien et comme si cette ville m'était maintenant inconnue. Ou en tout cas complètement insignifiante. On verra bien, peu importe. Je n'y vais pas pour la ville. J'ai tellement hâte de revoir mon père. Ma mamie aussi. Ca fait déjà six mois qu'on est ici. Six mois que je n'ai pas vu ma grand-mère et la majeure partie de ma famille. J'adore ma mamie et j'aime mes oncles et tantes (pour la plupart) mais alors... Ils ne me manquent pas. C'est pas méchant. Ils sont importants pour moi. Mais je sais pas. Je suis dans ma vie quoi. Je suis bien. Il ne me manque quasi rien au quotidien. Même mon papa que j'aime par dessus tout ne me manque pas à proprement parler. On s'appelle et on s'écrit si souvent que je ne ressens pas de manque. On se voyait généralement une fois par semaine quand j'étais encore là-haut, c'était notre petit rituel et j'adorais ça. Mais ça ne me manque pas. C'est tout un tas de sentiments contradictoires en fait... J'ai parfois peur parce que je sais qu'il est fragile. Si je me mets à penser à ça je suis mal, je m'angoisse toute seule, je voudrais qu'il soit là, le serrer dans mes bras. J'ai un besoin de mon père encore gigantesque. Malgré tout, ce sera toujours comme ça. Même dans des années, même quand on aura nos propres enfants. Mon père sera toujours mon père, je serai toujours sa petite fille. Enfin bref, je m'embrouille un peu. 

J'ai tellement pas envie de partir sans Lui. Je ne sais toujours pas jusqu'à quand je reste là-bas. On verra si j'ai des gens à voir. J'ai peur de mal supporter d'être chez ma mère sans Lui par exemple... Elle arbore une belle façade mais au fond elle est toujours aussi atteinte je pense. Elle boit de manière hyper décontractée devant nous, à la "regarde comme je maitrise, c'est qu'un plaisir maintenant". Plaisir quotidien, plaisir qui revient trois fois par jour, plaisir qu'on commande systématiquement quand on boit un coup quelque part. Faut arrêter de me prendre pour une conne au bout d'un moment. De toute façon, j'ai aucune confiance en elle. Je l'aime, c'est ma mère, malgré tout ce qu'il s'est passé elle sera toujours ma mère. Mais j'ai zéro confiance. Je sais que c'est une menteuse pathologique. Quand j'y pense, la connaissant à présent comme je la connais, je doute d'absolument tout. De tout ce qu'elle a pu me raconter. Elle aime tellement se faire passer pour la victime, se faire plaindre, raconter tous ses malheurs puis passer pour la femme forte et si indépendante et si droite. Elle aime tellement ça que se préoccuper des affaires des autres et répéter ce qu'on lui dit est son sport favori. Je ne sais plus qui elle est, ce qu'elle a vraiment vécu... Pour son anniversaire, y aura ma grand-mère, une de mes tantes, un de mes oncles... Ca m'étonnerait qu'elle ose devant eux (et ça met d'ailleurs en lumière le problème: elle sait pertinemment que c'en est un si elle n'ose que devant certaines personnes non?!). Mais le soir... Je vais passer 3 soirs avec elle. Vivement lundi que je sois chez mon père. Je vais faire en sorte que tout se passe très bien car je monte pour les 50 ans de ma mère et pas pour régler des comptes mais j'appréhende.

J'aurais du compter les déceptions depuis le début. A chaque rencontre faite depuis, j'aurais pu préciser aux gens : "pas d'inquiétude, tu pourras jamais me décevoir plus que ma mère" ! J'ai envie de rentrer chez moi, chez Nous. Tu me manques. Je me sens tellement seule ici. J'arrive pas à dormir. Je suis pourtant bien fatiguée et mon corps aurait bien besoin de repos... Je gamberge, je rumine. Je crains demain. Je suis écoeurée des efforts déployés pour elle qui n'essaye même pas d'en être digne. Je suis fatiguée d'essayer. Fatiguée de me contrôler et de me calmer quand j'aurais tellement envie d'exploser. Mais je me contrôle et je me calme. Je lui accorde encore une faveur. Je travaille encore sur moi. Je la préserve encore. Je fais encore tout ce que je peux pour éviter ses reproches et pour éviter d'entendre que j'ai gâché ses 50 ans. C'est le putain de monde à l'envers. Ça fait 8 ans qu'elle gâche ma vie et ça fait 8 ans que je la ferme. De toute façon quand je finis par déborder et par lui exploser à la figure, je me heurte continuellement à un bloc de déni et d'incompréhension. On me dit ingrate et méchante. Ingrate et méchante... si vous saviez comme on l'a gâtée pour son anniversaire. Si vous saviez les dépenses. Si vous saviez ce que ça me coûte moralement d'être ici sans Lui. Si vous saviez comme j'ai la gorgé serrée. Je supporte plus. J'ai même plus de larmes. Elle n'arrive même pas à me faire profiter du peu de temps qu'on a ensemble maintenant. Elle s'en sortira jamais. Elle comprendra jamais. Elle ne cessera jamais de me décevoir. J'ai pas envie d'être tout à l'heure. J'ai pas envie de lui donner son cadeau. De lui faire plaisir. Elle mérite pas. Elle mérite plus rien venant de moi. Et pourtant c'est comme si je n'avais pas le choix. Je me sens coincée. Coincée ici déjà. Coincée dans mes options. Je suis fatiguée de réfléchir à des solutions qui ne mèneront jamais à rien. Je suis fatiguée d'avoir cette mère là. 

Tout a été dit, tout a déjà été vécu, ressenti. C'est toujours la même chose et ça ne changera probablement jamais.

On a passé le weekend chez ses parents. Ca se passe de mieux en mieux, je suis de plus en plus à l'aise en leur compagnie. C'était pas gagné et je crois que j'avais même fini par renoncer l'année dernière mais je crois qu'on a tous enfin apaisé nos esprits et appréhendé l'autre de la meilleure manière possible. Tout va bien. Et en parlant d'année dernière... On s'en approche. La date anniversaire, dans un mois tout juste. Le temps est passé tellement vite, comment se dire qu'un an est déjà passé depuis tout ça? Cette fin d'été avait été tellement difficile. J'avais tout perdu dans tous les sens du terme... Enfin. J'essaye de ne pas trop y penser, parce que j'ai une bien jolie vie aujourd'hui et zéro regrets. Mais j'admets que malgré tous les efforts du monde, je ne peux pas ignorer ces dates et ces souvenirs...

Et même si je ne peux pas m'empêcher d'y penser, je ne peux pas dire que ça me fait mal. Ca occupe beaucoup mon esprit sans le heurter. C'est là, tout simplement. Mardi, je crois que ça fera un an que j'ai pissé sur ce bout de plastique et qu'on a su. C'est là, voilà. Qu'est-ce que je pourrais bien faire de cela, de toute façon? Je regrette rien. C'est juste là. Juste comme ça.

 

Août

 

La vie va pas mal. Je sais pas pourquoi j'ai toujours eu ce besoin de raconter ma vie. Sans doute parce que j'ai jamais eu tellement d'amis à qui toujours tout raconter? Sans doute pour avoir l'impression d'exister en croyant être lue? J'en sais foutre rien. C'est presque un peu ridicule quand on y pense.

On est revenus du Tarn hier soir. On a pas eu un super temps les deux premiers jours mais ensuite ça allait. On a même dormi deux nuits sur la petite terrasse dans une tente. La première nuit, on avait "décapoté" un peu la tente, ne laissant que la moustiquaire. On était sous les étoiles, c'était absolument grandiose. Le ciel était enfin dégagé après une journée triste et pluvieuse. Sublime. Le repas le plus restreint s'est pris à 8. Sinon ça variait autour de 14. J'ai plus l'habitude d'être en famille comme ça, d'être si entourée.

J'ai décidé d'arrêter de manger de la viande. Ca y est. Je n'arrive même pas à expliquer comment ce choix s'est fait. Il y a quelques semaines encore, je parlais de cela avec une copine végétalienne, lui disant que j'avais peut-être les convictions mais que j'étais beaucoup trop égoïste, que j'aimais beaucoup trop la viande pour m'imposer ça, etc. Je ne sais pas exactement le déclic qui s'est opéré en moi. J'ai juste lu beaucoup de choses, vu beaucoup d'images. Sans doute plus qu'avant, et des choses plus fortes aussi. Bref. J'aurais jamais pensé écrire ça un jour! Comme je le disais, j'étais à des années lumières de tout ça... Ca fait une semaine que j'ai pas mangé de viande, je crois. Je ne pense pas (encore?) supprimer les produits laitiers de mon alimentation, ni les oeufs. Je mange peu d'oeufs si ce n'est transformés (gâteau, crêpes...) mais pour ces cas-là, ça me semble difficile de faire sans. Je vais tester les alternatives au lait animal (soja, amande, riz...) mais je n'en fais pas une obligation. Je mange peu de fromage à la base. Même si j'aime beaucoup ça, j'ai jamais eu le réflexe d'en acheter et d'en consommer régulièrement. La viande, la charcuterie, le poisson c'est terminé en tout cas. Je me sens très en phase avec moi-même, concernant ce choix. Je saurais pas expliquer ça non plus. Quand j'y pense, on dirait un peu une folle dingue qui aurait soudainement vu la vierge, en fait. Ma foi, c'est presque ça... Je me rends déjà compte du jugement des gens et du manque de soutien évident auquel on fait face quand on fait ce choix. Le plus horripilant étant sans doute le fait de n'être pas pris au sérieux. Quand j'ai dit ça à mes parents, je me suis heurtée à leur incompréhension ou à leurs blagues de merde. Je sais qu'ils respectent malgré tout, mais c'est comme s'il n'y avait aucun moyen d'éviter la case "LOL". Pourquoi se moquer de quelqu'un qui prend une décision qu'il estime importante et qui est surtout en accord avec ses valeurs et ses convictions? Je m'en fous que le saumon soit bon pour la santé, que le poulet apporte ci et ça, que les pavés de boeufs me manquent. Je m'en fous. Ca n'a jamais été le propos, ni le problème, ni ce qui me dérange ou que sais-je! Ca me dépasse. Enfin, je suppose que j'ai pas fini de tomber sur des idiots. Toujours est-il que j'espère ne pas tomber, moi, dans les travers que j'ai déjà observé chez quelques contacts végétaliens. Le genre de personne qui réclame le respect quand ils sont pourtant les derniers à accorder le leur aux "carnivores" (agréablement surnommés "bouffeurs de cadavres" par les abrutis susnommés). Je comprends leur position dans le sens où, effectivement, on a la sensation de faire LE bon choix, on pense qu'aucun animal ne devrait jamais être abattu ou exploité pour servir de repas à quiconque, on pense que ça coule un peu de source, que la logique crève les yeux etc. Je dis "on" sans me sentir particulièrement concernée d'ailleurs. Je ne sais pas si je fais LE bon choix. Je fais celui qui m’apparaît comme le meilleur, maintenant, à un instant T de ma vie et de mes réflexions. C'est tout. J'espère ne pas me transformer en connasse condescendante et donneuse de leçons. Voilà. J'en parlerai sans doute beaucoup dans les semaines à venir. Il faut revoir toute mon alimentation, moi qui ne mange aucun fruit et très peu de légumes... C'est une grosse période d'ajustements. Il faut que je trouve mes marques, que je trouve où acheter aussi certains équivalents que j'aimerais tester (les steaks végétaux ou saucisses de tofu, etc)... Va falloir que je déverse mes frustrations quelque part, tout comme mes trouvailles et mes expérimentations culinaires!

Un an, déjà. Que tu n'existes pas... Il s'est passé tant de choses en une année. Je me suis tant questionnée, je ne savais pas comment on allait pouvoir surmonter ça, comment j'allais pouvoir te pardonner tes mots, comment j'allais pouvoir me racheter auprès de toi pour mes fautes... Et quand t'es parti, j'ai cru crever. Je réalisais pas ce que je vivais. Les jours passaient et j'étais assommée par ma réalité. Je me suis persuadée que tout allait bien parce que je n'avais pas le choix et surtout parce que je percutais pas. Et quand t'es revenu, j'ai cru crever à nouveau. De doutes, d'incompréhension, de bonheur. Ma vie reprenait son cours, les blessures se résorbaient enfin. Tout était de nouveau à sa place dans mon monde. Un an, déjà... J'ai connu tous les sentiments, cette année. Le deuil, la peine, la détresse. Le bonheur, la joie, le rêve. J'ai été dans les profondeurs comme au plus haut. J'ai comme l'impression qu'une page se tourne aujourd'hui. Comme si un cycle s'achevait. C'est ça. Quelque chose s'est achevé. Quelque chose a recommencé. Voici un an que tout a fini de commencer. Maintenant, je prends un nouveau départ. Définitif. Cette date piquera toujours un peu dans mon cœur. Mais j'avance. On avance, ensemble.

J'ai créé un blog (oui, je sais...) pour partager un peu mon nouveau mode de vie végétarien. 

J'ai bataillé des années avec mes beaux-parents mais aujourd'hui on partage des choses qui ont du sens et de l'importance. Et ça me fait plaisir. Je crois qu'ils m'incluent enfin dans leur famille et pour moi qui suis loin de la mienne, c'est finalement nécessaire... C'est pas toujours facile d'être au milieu d'un groupe d'italiens (cette fois, il y avait un cousin sicilien et sa chérie, donc tout le monde conversait en italien). Même si j'arrive à suivre la grande majorité des conversations, je ne peux pas y prendre part. Mais malgré cela, j'ai l'impression de faire partie de quelque chose et ça a beaucoup de valeur à mes yeux. J'ai toujours dit que l'entente avec la belle-famille n'était pas primordiale et même si je le crois toujours, je peux ajouter qu'elle est quand même précieuse. Sans parler des tensions qui n'existent plus, le sentiment d'être enfin acceptée et traitée comme un membre de la famille, ça réchauffe forcément le coeur. Je suis enfin à l'aise avec eux, je n'hésite plus 4 ans avant de dire ou de faire quelque chose. Je m'implique dans les discussions (francophones :p), je sais qu'on m'écoute et que mon avis peut compter. C'est tout bête dit comme ça. Mais Ses parents m'impressionnaient tellement, j'ai tellement lutté pour me faire une place, pour être à l'aise parmi eux, pour devenir plus qu'une invitée pas particulièrement désirée... Bref. Je me sens bien. 

 

Septembre

 

Weekend entre "l'enfer des groupes de filles et l'envie d'en encastrer certaines", "l'enfer du métro parisien et des gens quand y en a trop", "waaaaah, ouuuuuuuh c'est beau, haaaan quelle claaaaaaasse, wooooow" et "bonheurs simples de la vie". On relativise, on souffle un grand coup, on reste civilisée et plus intelligente que l'envie d'encastrage et ça repart!

Ma mère n'a rien dit quand je lui ai fait part de mon intention de ne pas assister à la cérémonie religieuse du mariage de ma cousine. Elle n'était pas sûre elle-même d'y aller. J'ai un cousin qui n'y va pas non plus... Bref, elle comprend (truc de ouf). Elle me racontait aussi qu'elle devait préparer des quiches pour l'apéro du soir (ça me dépasse de demander aux invités de faire ce que t'es pas foutu de payer puisque tu préfères foutre 3000 boules dans une robe sérieux...) du coup je lui ai dit que si elle voulait bien me faire une simple tarte au fromage elle pouvait! Elle m'a dit que je devrais pouvoir trouver de quoi manger puis a commencé une tirade sur "de toute façon si ils sont pas contents ça va chier", "on en a accepté des choses avec toi, entre tes tatouages et tes cheveux bizarres alors tu sais tout va bien", "même si je suis pas toujours d'accord avec toi, je respecte et soutiens toujours ce que tu peux faire", "d'ailleurs le coup de la viande je comprends totalement ma puce tu sais", etc... OK MAMAN. C'était chou, cette petite déclaration d'amour inconditionnel qui partait d'une tarte au fromage!

Je n'avais aucune illusion. Je me dis ça à chaque fois, mais au fond... Je crois que c'est très profond, dans la nature humaine, d'espérer, de croire quand même en l'autre, de penser à un miracle... Peu importe.

J'ai parfois pas l'impression d'avancer vraiment. Même si on est sur une dynamique géniale tous les deux, qu'on évoque vaguement parfois nos projets de couple amoureux désireux de fonder une famille, au fond rien ne bouge. Je vois tout autour de moi des pacs, des mariages qui arrivent, des ventres très ronds... Je vois les autres vivre les rêves que j'ai au fond de moi depuis... toujours? Il y a un temps pour tout, je le sais bien. Mais parfois c'est juste déstabilisant et ça me fait mal au coeur. Je ne sais pas si ce sont les restes de l'année dernière, ou bien de voir tous ces contacts sur le point de construire leur foyer mais si tu savais! Si tu savais ce que j'ai envie de tout ça avec Toi, ce que c'est douloureux d'attendre alors que ce besoin presque viscéral se rappelle à moi si souvent... Peut-être est-ce la solitude aussi? Même si je me fais quelques "amis" ici, je n'ai pas ma famille. Ca finit probablement d'accentuer mon désir de fonder la mienne... Peu importe, les raisons ne valent finalement pas grand chose, je crois. J'ai juste envie de voir se matérialiser nos projets. J'ai juste besoin de m'établir en tant que femme dans ma propre vie. Je ne sais pas comment le formuler pour que ça semble plus réel qu'un caprice de jeune femme qui a passé sa vie à être paumée. Je n'ose même pas te dire tout ça parce que je connais déjà tes réponses et je sais déjà que ce n'est pas ce que je voudrais entendre. J'espère que c'est un peu passager, que ça me passera dans quelques mois et que je serai à même d'attendre sereinement et sans cette hâte les fameux deux ou trois ans dont on parle toujours...

Je suis sur un petit nuage. Je me suis lancée. Dès que j'ai la date, je vous dis tout.

Le jeudi 17 Décembre, au tribunal d'instance d'Aix-en-Provence, nous nous pacserons. ♥

Suite à ma mise à jour de mardi, j'ai repensé simplement à l'idée du pacs. On connait très peu ce qu'il peut signifier ou valoir finalement. J'ai passé pas mal de temps à me renseigner, je suis tombée sur un blog extrêmement bien fait et très complet qui passait tout en revue. Le point de vue administratif, très théorique et concret, puis le point de vue des cérémonies possibles et du grand avantage du pacs : le choix. Il n'y a pas de tradition dans le pacs, comme il peut y en avoir pour le mariage. On peut littéralement faire ce qu'on veut. Rien. Une énorme fête (surtout si l'on ne compte pas se marier). Une cérémonie laïque (comme on en voit de plus en plus mais encore une fois, plutôt pour les mariages, et encore majoritairement aux USA par exemple)... C'est carte blanche. On a décidé de se réserver la journée, de profiter l'un de l'autre et de faire appel à une photographe pour organiser une séance à la sortie du tribunal. Nous nous échangerons aussi des bagues. C'est un symbole hyper puissant et très important pour moi. Le weekend suivant (du 19/20 : coucou mon anniversaire!!), nous ferons une soirée avec quelques invités.

Je connais tellement son caractère immonde et je la sais tellement capable des pires saloperies... Je n'ai même plus envie qu'elle soit là et je regrette amèrement de ne pas avoir plus pensé aux choses avant de l'appeler une première fois pour lui annoncer notre pacs. Elle est déjà en train de me gâcher le plaisir de la soirée, et c'est insupportable de constater qu'elle a encore ce genre de pouvoir sur moi. Je ne sais absolument pas quoi faire... A part lui rappeler quelques jours avant l'événement que si elle boit, si j'entends quelque chose qui ne me plait pas sur qui que ce soit, si elle se donne en spectacle d'une quelconque manière, je tire un trait définitivement sur elle, je ne vois pas quoi faire de plus. Je ne peux pas la désinviter. Je ne vais certainement pas me priver de mon père pour elle. Donc c'est... C'est compliqué. On a fait les comptes, on sera entre 20 et 25 si les invités viennent tous. Ca parait beaucoup mais c'est pas assez pour qu'ils puissent s'ignorer totalement et passer une soirée chacun de leur côté quoi. J'ai pas envie que quelqu'un se sente un peu délaissé. Je rêvais d'une soirée simple où le groupe d'invité serait en cohésion... Pourquoi j'ai cette mère-là?

J'ai passé ma vie à m'inquiéter pour elle avant de prendre en compte mes propres émotions. Je ne crois pas que ça ait jamais été dans mes "fonctions" de fille, et j'ai besoin que ce système malsain prenne fin définitivement. Si je suis partie à 300 bornes d'elle, c'était aussi pour finir de me détacher d'elle et pour vivre ma vie comme je l'entends. Pour faire les choses en fonction de moi et de moi seulement.

 

Octobre

 

Je suis heureuse. Profondément heureuse. On a ce sujet de conversation qui nous intéresse tous les deux. On débat, on cherche des idées, on trouve des idées, on change d'idée, on imagine, on se projette... Ca fait un bien fou. Je ne peux pas expliquer mon impatience. L'idée de voir, aussi, des amis chers qui sont bien trop loin... J'espère avoir le temps de profiter de tout le monde. Ce seront des journées si belles. Jeudi Jour J. Dès le lendemain soir, arrivée de quelques amis. Ensuite samedi, préparatifs et soirée. Puis dimanche, il y aura le temps de se reposer et de profiter un peu les uns des autres. J'ai tellement hâte d'être un peu plus liée à Lui. Par ces quelques signatures sur quelques bouts de papier. Par ces photos qui seront réalisées par cette artiste de talent. Par ces anneaux à nos doigts. Par la présence de tous nos proches... Je suis tellement heureuse d'être en vie.

Une amie du lycée a accouché cet après-midi. Malgré tout le bonheur sincère et réel que j'éprouve pour elle, je me sens complètement démunie... Je n'arrive absolument pas à raisonner à ce sujet, à expliquer. Démunie de quoi, pourquoi, dans quelle mesure... Je n'en sais strictement rien, mais c'est le seul mot qui semble valable et juste.

Le court moment passé avec ma mère s'est relativement bien passé. On a évoqué mon père, Sylvie, et par le plus grand des miracles, elle s'est abstenue de tout commentaire déplaisant. Elle a bien réussi à me fatiguer à croire toujours me connaitre sans réaliser qu'elle se souvient simplement de l'ado immature que j'étais, mais bon, c'est tellement systématique que je lâche l'affaire après l'avoir contredit deux ou trois fois. Bref. Samedi sinon, on s'est infiltrés dans une bijouterie en mode "nous cherchons des bagues pour notre PACS", alors qu'on voulait juste gruger pour chopper nos tailles de doigts. Nous avions déjà repéré des anneaux canons sur internet, il nous manquait donc nos tailles. Et... On s'est pris à notre propre jeu! On a vu des choses très belles, vraiment. La dame était très sympathique et patiente (c'est devenu suffisamment rare pour le préciser). On retournera donc très semblablement chez eux pour commander nos bijoux (d'autant que ceux repérés sur internet ne proposent généralement pas la taille de Monsieur qui a de gros doigts). Je pense aussi avoir ma tenue complète en tête. Ca avance doucement mais surement. Il nous reste du temps mais quand je vois la vitesse à laquelle il passe... J-73. ♥

J'arrive pas à croire qu'on soit déjà si proches de la fin de l'année. J'ai l'impression de dire ça environ tous les trois jours mais c'est vrai! Tout passe beaucoup trop vite. Pour l'instant, ça me va, j'ai tellement envie d'avancer, j'ai tellement hâte de franchir des étapes. Mais ça me fait quand même peur, je sais que la vie est courte et quand je vois les jours défiler comme ça, je commence à croire les anciens qui nous disent que la vie passe beaucoup trop vite, que 80 ans filent en un battement de coeur... J'aime tellement la vie, j'ai tellement envie de faire mille et une choses! De voir, de découvrir, d'écouter, de regarder... De vivre.

Demain, on fait la tournée des tatoueurs. Il se pourrait bien qu'on troque l'idée de la bague contre celle d'un tatouage commun/complémentaire... J'en dirai plus bientôt, si ça se concrétise!

Quand passe-t-on de fille à femme? Qu'est-ce qui fait d'une fille une femme? Est-ce un âge? L'apparence? Le style? Une ride? Le fait d'être mariée? Engagée? Maman? Quand on a passé sa vie avec soi-même, quand on s'est vue enfant, ado, jeune adulte... quand est-ce qu'on peut se dire qu'on est maintenant une femme? Est-ce que je me sens femme? Je ne crois pas. Est-ce que je dirai bientôt naturellement "je suis une femme bien" au lieu d'avancer que je suis une fille sympa? Qu'est-ce qu'il me faudrait pour me sentir femme? Un corps plus fin? Des vêtements plus féminins? Un maquillage différent? Des cheveux moins roses? J'aime mon style, j'aime mes cheveux, je ne sais me maquiller que comme ça. C'est vrai que je traîne ce trait de eyeliner depuis le lycée... Il s'est affiné, il n'encadre plus tout mon oeil. Je ne sais pas. De quoi ai-je besoin? D'être la femme de quelqu'un pour me savoir femme tout court? J'ai bientôt 24 ans. On est une femme à 24 ans? Qu'est-ce qui amorce le changement de vocabulaire et le changement de perception? Est-ce qu'on se réveille un jour en étant femme?

Dans trois heures et demi, nous serons sous les aiguilles. C'est complètement fou cette histoire. Nous sommes allés nous renseigner hier chez la tatoueuse qui nous vend du rêve depuis notre arrivée à Aix. Nous lui expliquons notre petit projet qui s'avère irréalisable (les doigts...). On réfléchit donc à autre chose, n'étant pas particulièrement figés dans nos attentes. Et quand on parle des disponibilités, après avoir été immensément déçus d'entendre "pas avant janvier", la petite voix de la tatoueuse s'élève de la pièce à côté et nous apprend que "sinon, y a la dispo de demain hein"! On est donc passés d'une mini pièce sur le doigt à une pièce de 10cm dans l'intérieur du bras et d'un tattoo réalisé début décembre dans nos espoirs les plus fous (pour qu'ils soient beaux et nets pour le Jour J et les photos) à un rendez-vous pour le lendemain... A l'heure où j'écris ces lignes, nous ne savons pas à quoi vont ressembler nos tatouages. Tous les éléments ont été envoyés hier soir par mail, mais la compo finale sera une grande surprise... Je peux pas nier que ça me stresse un chouilla. Mais très honnêtement, vu le talent de Charlotte et les quelques directives données, ça ne pourra qu'être canon de chez canon. Qu'est-ce que j'ai hâte!

Les croquis ont été réalisé rapidement et Charlotte (la tatoueuse donc) nous a proposé tout un tas de petites solutions pour faire coïncider au maximum nos deux tattoos. Chaque proposition était brillante et pertinente, et le choix final s'est fait comme une évidence. Je suis aussi ravie qu'il est possible de l'être! Ca fait un bien fou de tomber sur des gens si doués, qui savent ce qu'ils font. Que du bonheur.

Les jours passent bien vite et moi, j'attends encore.

Plus l'hiver se rapproche plus je sens l'hystérie totale monter en moi ! Plus que jamais, j'attends cet hiver et ces fêtes de fin d'année. Je pense que si vous me suivez depuis le début de ce blog ou même des précédents, vous avez eu l'occasion de cerner mon amour pour Noël et ce qui va avec (en l'occurrence, mon anniversaire, la neige, les cadeaux...). Mais alors cette fois, ça surpasse tout. Tout me met en joie. L'idée d'avoir froid qui, par extension, signifie ressortir le kigurumi licorne/les manteaux/bonnets et compagnie. J'adore m'habiller pour l'hiver. C'est bien plus intéressant que l'été! Les chaussures, les gilets, les matières douces et chaudes... C'est un vrai bonheur pour moi! Puis l'idée de passer ce premier hiver à Aix, je n'peux pas vous expliquer l'euphorie! Je n'ai jamais eu aussi hâte de voir une ville revêtir ses habits de fête. Je suis tellement curieuse de découvrir Aix pour Noël! Voir la déco, puis évidemment le marché de Noël... J'espère que ce sera à la hauteur de mes attentes. En même temps, je n'imagine même pas être déçue de quelque manière que ce soit pour ces fêtes. Le meilleur sera condensé. 1- Je suis dans une ville que j'aime profondément. 2- Nous allons nous pacser. 3- Nous recevons nos proches (dont ma meilleure amie que je n'ai pas vue depuis quasi 4 ans...). 4- Je vais fêter ce pacs presque en même temps que mes 24 ans. 5- Je vais être gâtée. 6- Je vais être gâtée. 7- Je vais être gâ... Bon. Vous avez saisi le principe. C'est fou cette bonne humeur aujourd'hui! J'ai l'impression que rien ne peut la démonter. Je me sens profondément bien. Même de penser au comportement potentiel de ma mère lors de notre fête ne me fait pas peur. C'est dire si je suis heureuse!!

J'ai l'impression de n'avoir que ça à dire, encore et encore! L'impatience, l'impatience et l'impatience. C'est ce qui me fait lever chaque matin avec le sourire. Dans un mois et demi, ce sera la fête et le bonheur... On va prier pour que tout se passe bien. J'ai toujours tellement peur que quelque chose foire! Je ne pense pas être pessimiste dans le sens où je tâche toujours de prendre les choses du bons côtés, de trouver du positif, etc. Mais alors face aux événements à venir, je perds toute sérénité et je me mure dans une peur maladive d'un échec potentiel.

 

Novembre

 

Ce weekend, j'ai pris une décision importante... Et triste. Ma mère ne viendra pas à notre fête de pacs. Je ne veux pas qu'elle soit là. Elle ne mérite pas de partager ce bonheur avec nous. Elle ne mérite pas mon angoisse et mes craintes. Je ne veux plus de tout ça. Je ne veux plus m'inquiéter de ce qui pourrait se passer. Je suis soulagée de cette décision, ce n'est pas cela qui me rend triste précisément. C'est d'en être au point de prendre ladite décision. Je suis fatiguée de tout cela. C'est tout. Je n'ai plus envie de faire des efforts. J'en ai trop fait, je n'ai aucun retour, jamais. Je suis incapable de me souvenir de la dernière fois qu'elle a été une maman pour moi. Elle ne m'apporte rien. Sa présence ne m'apporterait rien. Je n'ai pas envie de la voir, de devoir la surveiller et de passer cette soirée dans l'appréhension. Maintenant, se pose un autre problème, tout aussi complexe. Lui dire la vérité, la blesser, me blesser, culpabiliser, subir ses foudres ou ses tentatives pour se faire une place à cette soirée mais lui avoir enfin dit ses 4 vérités? Est-ce que je peux assumer de lui infliger cette peine? Malgré tout, je suis toujours incapable de lui faire du mal, c'est au-dessus de mes forces... Ou alors, lui mentir, éviter le pire, mais repousser le problème et me planquer derrière une solution lâche?

Ma belle-maman veut que je la tutoie. Le truc me parait insurmontable après bientôt six ans de vous! Mais ça me touche beaucoup qu'elle me le demande. Disons que ça n'a pas toujours été très simple entre nous donc c'est une belle marque d'affection et d'acceptation! C'est vrai que depuis une bonne année maintenant, nos rapports se sont considérablement améliorés et ces dernières semaines encore plus. Je ne sais pas si elle reporte un peu son affection sur moi, maintenant que son second fils est exilé à Lyon, si c'est la perspective de ce pacs qui arrive ou si ce sont mes confidences sur la mère que je n'ai pas vraiment... M'enfin je m'en fous. Je me fous du pourquoi du comment. Je suis de la famille maintenant.

Fouiller ses photos sur Facebook, remonter le temps, revoir les instants magiques passés à Disneyland, puis mon anniversaire de l'an dernier et la découverte de ce cadeau-là... Je suis toute nostalgique, émue, et heureuse. J'aimerais tant retourner là-bas, au pays des rêves. C'était si exceptionnel. Le plus beau cadeau qu'on ait pu me faire en bientôt 24 ans de vie. Je n'ai toujours pas les mots. J'y repense comme je repenserais à un songe merveilleux, si doux, si tendre. Je repense aux larmes qui ont failli couler quand j'ai aperçu le château au loin. Qu'est-ce que c'est con à écrire! Mais si vous saviez, j'en ai rêvé pendant 23 ans. C'était tellement fort, d'être enfin là-bas, et avec Toi.

J'ai retrouvé cette semaine la puissance aussi d'Hurricane. Mon lecteur de musique me l'a envoyée un matin dans les oreilles. Et depuis je n'écoute qu'elle. J'ai l'impression de tout ressentir à l'extrême en ce moment. Les émotions viscérales créées par l'art et tout les sentiments positifs. Ils explosent en moi et m'emplissent de bonheur. Je suis bien, si bien. Dans 5 semaines, nous serons pacsés et j'aurai à mes côtés les personnes que j'aime le plus sur cette Terre... C'est avec cette douce pensée que j'ai commencé ma journée. C'est une des premières choses qui m'est venue à l'esprit ce matin.

Il y a bien un sentiment sur lequel je n'arrive pas tellement à mettre de mots. Je repensais à l'été dernier, je vois tant de femmes enceintes ou jeunes mamans dans mon entourage! Et je me suis dit que le cerveau était quand même une chose extraordinaire. Parce qu'au fond, je crois que je ne me suis jamais vraiment, profondément dit "j'ai un début de bébé dans mon ventre". Jamais. "Enceinte" c'était un état qui à cet instant ne déboucherait sur rien. C'était quelque chose à régler, comme un problème. J'étais dévastée parce que je ne pouvais pas m'empêcher de me projeter malgré tout! Mais à aucun moment je crois, je n'ai imaginé, visualisé très clairement ce que j'avais en moi. Et heureusement. Merci, cervelle, d'avoir préservé ma santé mentale. 

Je supporte encore moins les gens. La plupart me semblent tellement, tellement con. C'est ahurissant d'avoir une telle vision du monde et des autres. La mienne n'est pas glorieuse mais au moins j'essaye de comprendre et de mettre de l'ordre dans mes idées avant de l'ouvrir bêtement. Bref, je n'ai plus envie d'épiloguer là-dessus, je pourrais en écrire une saga en 12 tomes mais ce n'est pas l'endroit. Ce qui m'amène c'est elle, comme souvent. Je ne la supporte plus et plus le temps passe, plus je me demande pourquoi je m'encombre la vie avec la sienne. Plus le temps passe, et plus la pitié se mue en mépris profond. J'exècre tout ce qu'elle est devenue. Je ne pense pas qu'il y ait encore un pan de sa personnalité que j'apprécie. Tout est rongé, rouillé par les litres d'alcool qu'elle ingurgite encore. Elle s'est pété le coccyx. C'est complètement fou, le nombre d'accidents de ce genre, depuis quelques années. Entre les côtes, le coccyx maintenant, la cheville, les chutes et les arcades éclatées... Si je ne la connaissais pas comme je la connais, je pourrais presque croire qu'elle est battue. Mais non. Elle est juste tellement ravagée qu'elle n'a plus d'équilibre, qu'elle est devenue infiniment maladroite. Et ça, c'est quand elle n'est pas ivre bien sûr... Je ne pensais pas qu'elle irait si loin dans sa transformation en mère indigne et inqualifiable. Je ne pensais pas que lors de ses coups de fil, elle finirait par se faire la conversation toute seule, qu'elle me demanderait enfin, après 23 minutes de conversation seulement, comment je vais. Je ne pensais pas qu'elle épargnerait encore mon frère de ses aventures mais que j'y aurais droit, comme au reste, comme depuis le début. Je ne sais pas pour qui elle me prend, mais définitivement pas pour sa fille. Je ne sais pas qui elle croit être encore pour moi, mais elle n'est définitivement plus ma mère. Le pire dans l'histoire, c'est que si tu lui demandes, elle est intimement convaincue d'être une mère modèle, dévouée, attentive. Si tu lui demandes, nous entretenons une relation idéale de confiance, de partage. Elle ne se rend compte de rien. Elle est incapable d'intégrer les informations que dégage si clairement mon comportement. Sur 26 minutes d'appel l'autre fois, j'ai parlé 5 fois. Ce n'est plus un dialogue. Il n'y a plus de dialogue depuis longtemps. Elle se complaît dans ses petits malheurs en s'écoutant parler pendant des heures. Il y a quelques jours, j'avais une petite pointe de culpabilité, peur qu'elle finisse par apprendre que la fête a eu lieu sans elle, etc. Aujourd'hui? Plus rien. Je suis définitivement rincée de ce sentiment coupable. Je vais vous dire quelque chose de très simple : je n'en ai plus rien à foutre.

 

Décembre

 

Enfin Décembre, déjà Décembre! Je réalise pas tellement qu'à la fin de ce mois, nous serons pacsés, j'aurai 24 piges et qu'on entamera une nouvelle année... C'est passé tellement vite! Il y a un an, on cherchait l'appartement dans lequel on vit aujourd'hui, on avait ce projet de partir, de s'installer dans cette ville que je ne connaissais même pas mais que j'ai aimée instantanément... J'ai l'impression que c'était hier. Le temps file. Dans un peu plus de deux semaines, le jour J. J'ai tellement hâte... Je veux juste y être. Être à cette fameuse semaine qui sera sans nul doute la plus belle de toute ma vie. Et j'adresse intérieurement mes prières les plus absurdes à des entités encore plus absurdes pour m'assurer que tout se déroule au mieux, que rien ne vienne gâcher ces journées magiques à venir.

Je comprends que l'Amour puisse blesser et que ces blessures-là soient les pires imaginables. Quand on aime et qu'on se casse la gueule, la douleur est incomparable. Mais putain est-ce une raison pour se transformer en un être si cynique et aigri? C'est d'un ridicule. Parce qu'on vit personnellement une déception, alors l'amour n'existe pas du tout et ceux qui le vivent sont juste des cons naïfs qui jouent avec une bombe à retardement? Comment peut-on en arriver à raisonner si bêtement?! C'est grave d'oublier ses propres souvenirs à ce point. Enfin passons. Moi j'Aime et je suis Aimée. Je crois encore en Nous, je crois encore aux majuscules et je vous emmerde tous un par un si vous me trouvez niaise. Bientôt six ans, SIX ANNÉES que ça dure. Prenez ça dans vos tronches. ♥

Dans 8 jours, on y sera déjà. C'est de la folie... Ça me paraît encore trop loin! J'ai une fois de plus cette impatience et cette appréhension morbide qui me pousse à me dire que ce sera beaucoup trop de bonheur, que j'aurais finalement pas la chance de le vivre, qu'il va m'arriver quelque chose avant ou que tout sera annulé pour x ou y raison... J'avais réussi à refréner ce sentiment assez longtemps, par rapport à d'habitude. Mais ça y est, c'est là. Parce qu'on s'approche, dans une semaine tout commencera.

Je T'Aime tellement.

J'ai passé une nuit abominable. Réveillée vers 1h avec l'estomac en feu, rien n'a su me soulager jusqu'à ce que je m'endorme finalement d'épuisement vers 5h30. Aucune position ne m'était confortable, la chaleur de ses mains n'aidait en rien, vomir ne m'a pas libérée d'un poids. Bref. Je me suis rarement sentie aussi mal et surtout aussi impuissante. C'était comme de l'acide dans le bide et la douleur sourde, la gêne qui s'étendait jusqu'à tout mon dos. Un bonheur... Je ne sais pas si j'ai mangé un sale truc ou si, inconsciemment je stresse plus que je ne le crois.